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au besoin pourraient profiter de cette augmentation des intérêts, ayant toujours la faculté de négocier leurs inscriptions à la bourse ou de les engager, soit à la banque de commerce, soit à d’autres établissemens de crédit, dans le cas où ils auraient besoin de leurs capitaux. De cette manière, la dette flottante des banques se convertirait en dette consolidée de l’état.

L’idée de cette opération a été plus d’une fois mise en avant par quelques financiers, et si le gouvernement russe n’y a pas encore eu recours, c’est probablement parce qu’il n’a pas eu lieu de se convaincre du danger de l’état de choses actuel.

Quoi qu’il en soit, nous concevons parfaitement que, pour tout financier, étranger, la situation de nos banques puisse paraître anormale, et qu’elle ait suggéré à M. L. Faucher les observations développées dans son article. Nous n’avons été étonné que de la facilité avec laquelle cet auteur distingué a pu adopter pour base de ses raisonnemens les données et les faits erronés publiés par le Moniteur et par d’autres organes de la presse.

Nous aurions encore bien des choses à relever dans cet article, mais nous ne voulons pas ouvrir la voie à une polémique qui serait, pour le moment, hors de saison. Nous nous sommes donc borné à rétablir quelques faits dans leur vrai jour pour l’information de ceux qui s’occupent sérieusement de la statistique financière des principaux états de l’Europe.

Il me semble que, même lorsqu’on est engagé dans une guerre, il ne peut être dans l’intérêt bien entendu d’aucune des parties belligérantes de déprécier et d’amoindrir les ressources de son adversaire; comme d’ailleurs la Revue des Deux Mondes s’adresse aux hommes sérieux, il ne peut pas entrer dans ses vues d’abuser le public sur un sujet aussi grave que celui dont s’est occupé M. Léon Faucher, et j’aime à croire, monsieur, que vous ne refuserez pas une place dans votre intéressant recueil à cette simple rectification desfaits, écrite de bonne foi et fondée sur des données authentiques.

Veuillez agréer, monsieur, l’assurance de mes sentimens les plus distingués.


L. TEGOBORSKI,

auteur des Études sur les Forces productives de la Russie.


Saint-Pétersbourg, le 30 septembre (12 octobre) 1854.




M. Tegoborski me permettra de lui dire, quelque prix que j’attache à son opinion, qu’il ne m’eût pas paru nécessaire de revenir sur le chapitre un peu rebattu aujourd’hui des finances russes, si je ne l’avais considéré dans cette circonstance comme l’organe du gouvernement qu’il sert. En appelant au jugement du public des critiques dont il a été l’objet, le cabinet de Pétersbourg donne un exemple qui n’est pas commun dans les états despotiques. Nous le voyons avec plaisir se placer sur le terrain de la discussion, et c’est là une tendance qu’il ne tiendra pas à nous d’encourager.

Le gouvernement russe, dans la réponse qu’il nous fait, cherche à établir deux points principaux : il veut d’abord prouver que son crédit, son revenu et son commerce extérieur ont peu souffert jusqu’à ce jour, et ne se