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— Ainsi donc voilà comme cela va :

Quand nous fûm’s arrivés
Sur la plac’ de Quingey,
On nous a fait former
Le bataillon carré…
Nous étions tous de beaux jeun’ hommes
De vingt-et-un ans,
Qui s’en vont à la guerre
Tambour battant,
Drapeau volant.

Dès les premiers mois du couplet, toute L’assistance, qui connaît la chanson comme sa poche, s’est mise à chanter. — Eh bien donc ! silence maintenant, ou je me tais.

— Non, non ; nous y voilà. Silence ! Allons, hardi, Coulas !

— Ainsi donc, messieurs, vous avez bien compris ?

— Oui, oui !

— Alors, nous allons passer à la chanson des voituriers de marine.

Tant que dans l’ grand Jura
Des sapins il y aura,
Nous viendrons au Ch’val-Blanc
Dîner pour notre argent…
Qu’il pleuv’, qu’il grèl’, qu’il vent’, qu’il tonne,
Avec nos grands bœufs
Nous sommes sur la route
Soir et matin Le fouet en main !

— Bravo ! bravo ! Vive Coulas ! À boire, madame Martin ! Hein ! comment trouvez-vous ça ? À la santé de Coulas !

— Silence !

— Chut ! chut !

— Chut ! chut ! Fermez la porte !

D’la soupe et du bouilli,
Du lard et du rôti,
Du poulet, du jambon,
Pour nous n’y a rien d’trop bon !

— Bravo !

Servez-nous vite, madam’ l’auberge,
D’ votre bon vin vieux ;
Puis viendra la d’mi-tasse
De bon café
Et l’ pouss’ café !

— Bravo ! bravissimo ! Ah ! ce tonnerre de Coulas, va ! Où diable est-ce qu’il va pourtant chercher tout ça ?

— Fermez la porte !

— Silence donc, là-bas !

Quand nous somm’ en chemin
Pour venir à Salins,
Nous prenons en pitié