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militaire payant 6 francs 50 centimes aux colons le quintal de foin pris sur place, l’hectare donnant 30 quintaux avait 90 francs de frais à supporter et en rapportait 195 ; bénéfice net, 105 francs[1].

Sainte-Amélie a la même origine que Saint-Ferdinand, appartient aussi à a formation du colonel Marengo, et se trouve à peu près dans les mêmes conditions. Seulement Sainte-Amélie est un peu mieux située; elle n’est point, comme Saint-Ferdinand, en vedette au haut d’une rampe découverte pour surveiller la plaine de Staouéli. Elle est plus en arrière, sur un plateau légèrement incliné vers le côté opposé, c’est-à-dire vers la Metidja, et entouré de vallons dont les terres fraîches sont moins rebelles à la culture. Autour de Saint-Ferdinand, il n’y a que des précipices. Sainte-Amélie n’en a pas moins éprouvé les mêmes vicissitudes que Saint-Ferdinand. Pour 54 concessions, elle ne comptait que 30 concessionnaires, dont 8 ou 9 avaient, il est vrai, des concessions doubles, ce qui portait à 38 ou 40 le nombre des concessions occupées. Les autres, ou n’avaient pas trouvé de preneurs, ou étaient redevenues vacantes par suite d’éviction ou d’expropriation. La ferme était inoccupée; la boulangerie, livrée pour le prix de 3,000 francs au concessionnaire, à cause de la construction du four, ne rapportait rien. — Si nous faisions vivre notre boulanger, me disait un colon, ce serait une preuve que nous ne pouvons pas vivre nous-mêmes. — Il voulait dire par là : Ce serait une preuve que nous n’avons pas de grains pour faire nous-mêmes notre pain. L’idée préconçue qui avait doté ce village d’une boulangerie reposait donc sur des données artificielles que l’expérience se refusait à consacrer.

  1. Une culture plus intéressante, parce qu’elle demande beaucoup de soins et qu’elle rapporte plus d’argent, est celle du tabac. En voici le tableau pour Saint-Ferdinand en 1847. Les frais d’engrais y manquent encore, ce qui indique assez à quels efforts désespérés sont réduits les courageux colons qui s’obstinent à lutter contre des conditions si ingrates. Le tabac exige, en effet, des terres très bien fumées et très ameublies, les deux conditions qui manquent le plus aux terres de Saint, Ferdinand, et dont la seconde ne s’obtient guère sans le concours prolongé de la première.
    FRAIS DE CULTURE DE 1 HECTARE DE TABAC A SAINT-FERDINAND.
    Deux labours et préparation de terrain 100 fr. » c.
    Plantage (25,000 pieds) 60 »
    Deux binages 80 »
    Écimage et ébourgeonnage 50 »
    Cueillette et séchage.. 160 »
    Mise en manoque et bottelage 40 »
    Semis pour obtenir le plant 50 »
    Total des frais 540 fr. » c.
    PRODUIT BRUT.
    25,000 pieds, à raison de 15 feuilles par pied, donnant 375,000 feuilles, dont 500 font un kilogr, ce qui fournit au total 750 kilogr. au prix de 1 fr 750 fr. » c.
    A déduire pour frais d’exploitation 540 »
    Produit net 210 fr. » c.