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s’offrirent à lui et lui annonceront que ses péchés lui étaient remis. Joseph Smith n’aurait pu, sans cette intervention miraculeuse, prétendre au titre d’inspiré, car il avoue lui-même qu’il avait été d’abord cruellement tenté par les puissances des ténèbres, et bien qu’il dise avoir vigoureusement résisté, on entrevoit que l’absolution divine venait là fort à propos pour le mettre en état de paraître devant Dieu. Les deux inconnus étaient, à ce qu’il semble, soit deux anges, soit les deux premières personnes de la sainte Trinité. Smith apprit de la bouche de ces êtres célestes que toutes les religions de la terre étaient entachées d’erreur, et que Dieu n’en reconnaissait aucune pour son église et son royaume. Promesse lui fut faite que la véritable doctrine ne tarderait pas à lui être révélée ; puis la vision s’évanouit, et en revenant à lui-même, il se trouva dans un état de calme et de paix indescriptible.

On pourrait croire que le jeune inspiré attendit dans la prière et les bonnes œuvres l’heureux moment où la promesse qui lui était faite recevrait son exécution. Il n’en fut rien cependant. La seule chose qui paraît l’avoir frappé, c’est le pardon qu’il avait obtenu. Ce pardon lui permit de commettre de nouveaux péchés, de se livrer aux joies de ce monde et aux folies de la jeunesse. Smith comptait certainement sur la rémission de ses nouvelles fautes, et il n’avait pas tort. Le 21 septembre 1823 au soir, le Seigneur vint visiter Smith dans sa propre demeure. Sa maison parut tout enflammée, et, ravi encore en extase, il vit un ange qui lui annonçait que ses péchés lui étaient pardonnés et que ses prières avaient été exaucées. Comment Smith reconnut-il que le visiteur était un ange ? Très certainement ce fut par sa ressemblance avec ceux que nous décrivent les Écritures : un vêtement parfaitement blanc et sans coutures, un regard où brillaient à la fois l’énergie et la douceur. Le messager divin lui apportait la joyeuse nouvelle du prochain rétablissement de l’alliance faite jadis avec Israël. Le Messie devait bientôt commencer son règne ici-bas, règne de paix et de félicité universelle. Il ne restait plus qu’à se préparer à ce grand événement. Nouveau Noé, Smith avait été choisi pour recevoir les confidences du Très-Haut. L’Évangile éternel, l’Évangile complété devait être prêché à toutes les nations, et un peuple nouveau allait être préparé par la foi et la vérité au règne de Dieu sur la terre. Là ne se bornèrent pas les étonnantes révélations de l’ange du Seigneur. Smith apprit que les Indiens d’Amérique étaient des descendans d’une des tribus d’Israël, qu’au temps où ils avaient émigré dans le Nouveau-Monde, ils formaient encore un peuple éclairé, possédant la connaissance du vrai Dieu et obtenant journellement les effets de sa grâce et de ses bénédictions. Chez eux avaient existé des prophètes et des écrivains inspirés qui avaient reçu l’ordre de consigner par écrit l’histoire des événemens les plus importans, et ces annales s’étaient transmises de génération en génération jusqu’au moment où les enfans d’Israël étaient tombés dans une extrême perversité. La majeure partie de la nation périt ; mais le livre saint, qui renfermait un grand nombre de révélations relatives à la fin des temps, avait été déposé en lieu sûr, pour être ainsi soustrait aux mains de ceux qui voulaient le détruire. — Voilà comment finit la vision, qui fut accompagnée pour Smith de circonstances intérieures semblables à celles qui avaient marqué la première. Elle se renouvela encore, dans la nuit, l’ange ajoutant chaque fois quelque chose à ses instructions.