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Sambre à Buick. Le duc de Wellington le lui annonça également, et quitta le bal en même temps que le prince, pour se rendre à l’année. Dans la journée du 18, l’agitation était extrême à Bruxelles. Tous les regards étaient tournés vers la maison de M. de Capellen ; la foule en garnissait les abords pour observer sa contenance. Plusieurs fois les nouvelles les plus alarmantes lui furent apportées du champ de bataille. Il était décidé à tenir bon jusqu’au dernier moment, et à ne sortir par une des portes de la ville que quand les Français entreraient par une autre. Son cheval fut sellé toute la journée et une partie de la nuit, avec ceux du duc d’Ursel et du comte de Mercy-Argenteau ; sa proclamation de congé était rédigée sur sa table. Dès le matin, les archives et les caisses du trésor avaient été envoyées à Anvers. Le commissaire général s’y rendit aussi sur l’ordre du gouverneur, et il lui écrivit aussitôt pour s’en féliciter, parce que, en traversant le faubourg, le cri de vive l’empereur ! qui avait partout retenti à ses oreilles, lui avait fait présumer que l’entrée des Français avait suivi de très près son départ. Lorsque sa lettre parvint à M. de Capellen, le sort des batailles avait prononcé, et la ville ne courait plus aucun danger. Un incident de cette journée en fait ressortir les vicissitudes. Dans la matinée du 18, le chargé d’affaires du comte Lobau était venu trouver M. de Capellen pour lui dire, de la part du général, que, l’entrée des Français à Bruxelles ne paraissant pas douteuse, il pouvait laisser tous ses papiers et effets dans l’hôtel d’Arberg qu’il habitait, et qu’on s’engageait à en prendre le plus grand soin. Peu d’heures après, par un de ces retours fréquens à la guerre et surtout dans ce jour funeste, le comte Lobau, prisonnier, passait sous les fenêtres de M. de Capellen avec quinze cents de ses compagnons d’infortune. Vers les huit heures, le général Vincent, commissaire autrichien, revint du champ de bataille blessé par une balle qui lui était entrée dans la main et lui causait de cruelles souffrances. Cet officier, qui avait assisté à un grand nombre de batailles, était entièrement découragé, et considérait le duc de Wellington comme très compromis. Il insista vivement auprès de M. de Capellen pour le décider à quitter Bruxelles, mais celui-ci ne put s’y résoudre. Le lendemain matin, le duc de Wellington, revenu à Bruxelles, le fit prier de se rendre chez lui. Il lui dit, en voyant passer devant la maison un grand nombre de blessés, que la victoire avait été beaucoup plus complète qu’il n’avait osé l’espérer, qu’il avait toujours désiré se trouver en face de Napoléon et que Dieu lui avait accordé cette grâce, que tout ce qu’il avait vu en Espagne et ailleurs ne ressemblait en rien à la bataille de la veille, que jusqu’à sept heures du soir et à l’arrivée de Blucher il avait eu la plus grande appréhension sur l’issue de la journée. Il était ému et regrettait la perte de tant de braves. Ces détails donnés par