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part, ce qui me paraît moins nécessaire, les meilleurs élèves dans les deux sexes. Les porcs étaient partagés en grandes et petites races, division qui n’est peut-être pas parfaitement logique, car ici, le but étant le même pour tous les individus, rien n’oblige à avoir une race plutôt qu’une autre ; ce qui importe, c’est la quantité et la qualité de la viande qu’on obtient avec une quantité donnée de nourriture, que la race soit grande ou non.

Le prix pour les bœufs courtes-cornes ou de Durham a été obtenu par lord Berners ; c’est la partie du concours qui a paru la plus faible. Les Hereford, dont le pays est très voisin de Glocester, étaient magnifiques ; c’est encore, un lord, lord Berwick, qui a eu le prix. M. George Turner a obtenu, comme d’ordinaire, tous les prix pour la race du Devonshire. Les races galloises ont excité peu d’intérêt. Pour les moutons, ce sont encore les vainqueurs habituels qui l’ont emporté. La Société royale, ne prime pas les chevaux de course ; elle n’accorde de prix qu’aux chevaux de trait employés par l’agriculture et à ce qu’on appelle les roadsters, chevaux de route, trotteurs. Bien qu’ici les prix ne fussent pas accordés par races, c’est la race de Suffolk qui a eu, comme toujours, le prix pour les chevaux agricoles ; l’ancienne supériorité de cette race ne se dément pas. Les porcs étaient presque tous admirables.

Une dernière exhibition fermait la marche, celle des volailles. Les Anglais attachent tous les jours un plus grand prix à avoir de belles volailles, bien que leur climat s’y prête peu ; nul doute qu’ils ne finissent par en venir à bout. La race cochinchinoise, la favorite du moment, a cédé cette fois à la race nationale dite de Dorking, nom d’un district du comté de Surrey, dont elle est originaire C’est le capitaine Hornby, de la marine royale, qui a eu le prix pour un coq et deux poules vraiment magnifiques. Je voudrais bien savoir ce qu’on dirait en France si un officier de marine occupait ses loisirs à élever des poules ; je ne vois pourtant pas que la marine royale d’Angleterre en soit plus mauvaise pour cela.

Plus de mille personnes ont assisté au dîner qui termine d’ordinaire ces sortes de solennités, bien que le prix du billet fut de 10 shillings ou 12 francs 50 centimes. Un immense pavillon, dressé par les soins de la Société royale, contenait un nombre suffisant de tables, dominées, suivant l’usage anglais, par la high table, où ont pris place les personnes de marque. Le président était lord Ashburton, ayant à sa droite le lord-maire de la ville de Glocester, et à sa gauche le ministre des États-Unis ; parmi les assistans, on remarquait lord Powis, lord Harrowby, lord Leicester, le marquis de Bath, le comte de Jersey et d’autres membres de la pairie, un grand nombre de membres de la chambre des communes, les professeurs du collège loyal agricole de Cirencester, les fermiers et éleveurs les plus connus de l’Angleterre, et parmi les étrangers le général Arista, ancien président du Mexique, et le célèbre juge de la Nouvelle-Ecosse, Halliburton, l’auteur de Sam stick, dont la Revue a déjà plusieurs fois entretenu ses lecteurs[1]. Le dîner se composait de viandes froides avec une pinte de sherry ; tout s’est passé dans cet ordre parfait naturel aux Anglais. Nul n’a touché aux plats placés devant lui avant que le présidant ait prononcé les quelques mois du benedicite anglais qui

  1. Voyez sur Halliburton la Revue du 15 avril 1841 et du 15 février 1850.