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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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31 juillet 1853.

Le dénouement que l’Europe attend, que tout le monde appelle de ses vœux dans les complications survenues en Orient, doit-il donc être le fruit de la lassitude ? Est-il destiné à être moins une conclusion nette et franche de ce différend malheureux qu’un compromis arraché à un besoin universel de paix, habilement ou péniblement combiné de manière à tout sauver sans rien engager, et poursuivi encore longtemps à travers toutes les obscurités et les détours de multiples négociations ? Il faudrait presque le croire, à voir par quelles phases successives passe la question orientale, comment elle se traîne d’incidens en incidens, éveillant toutes les conjectures sans en justifier aucune, et faisant à chaque semaine, à chaque jour sa part d’incertitude et d’anxiété, sans laisser voir jusqu’ici bien clairement où elle aboutira. Depuis bien des jours déjà, on parle d’une pacification prochaine. Douloureusement éprouvée par toutes ces incessantes péripéties du différend turco-russe, qu’on pourrait plutôt appeler russo-européen, l’opinion publique s’est remise à compter sur un dénouement favorable, par cela même que le dénouement contraire n’avait point éclaté dans des circonstances qui semblaient le rendre inévitable. Rien n’est assuré pourtant, rien surtout ne justifierait une trop complète illusion. La réalité est que cette pacification, tout le monde la désire ; plus on avance, plus on compte sur l’impossibilité de la guerre, plus on répugne à ce recours suprême à la force. Quant au fond même des choses, il n’en reste pas moins deux difficultés singulièrement graves à vider pour arriver à une solution pleinement rassurante ; la première indubitablement, c’est la recherche d’un moyen propre à terminer le différend lui-même, et ici il ne s’agit de rien moins que de concilier les intimations solennelles faites par la Russie avec les refus également solennels opposés par la Turquie, appuyée en cela par L’Europe. La seconde difficulté, inséparable de la première aujourd’hui, et qui en est la conséquence, est celle de savoir comment et à