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communes eut a choisir son président, elle préféra John Smith, proposé par Robert Walpole, à Bromley, le promoteur opiniâtre du bill de conformité, et le gouvernement, appuyé sur une majorité de conciliation, mais dont la tendance avait changé de côté, parut replacé dans sa situation naturelle.

Il s’écoula deux années, les plus calmes, et qui comptent parmi les plus glorieuses du glorieux règne accordé par la Providence à la fille maussade de Jacques II. La guerre continua d’être brillamment favorable à la grande alliance. Les batailles de Ramillies et de Turin contristèrent de nouveau la vieillesse de Louis XIV. L’Angleterre se calmait dans son orgueil. Au parlement, l’opposition était impuissante ; un bill, dit le bill de régence, pourvut sagement au cas où le trône deviendrait vacant ; la débile santé de la reine faisait une loi de le prévoir. On avait pensé a réclamer la présence de la princesse Sophie en Angleterre ; mais cette seule idée irritait la reine, et l’on régla seulement comment serait constituée une régence intérimaire, si l’héritier présomptif ne se trouvait pas dans le royaume au moment de la fin du règne. Cette mesure, que les tories combattirent, fut regardée comme une nouvelle garantie donnée à la succession protestante. La grande affaire de l’union de l’Ecosse à l’Angleterre fut terminée quelque temps après avec l’appui des whigs, qui en espéraient un nouveau renfort pour le presbytérianisme, et le royaume de la Grande-Bretagne fut constitué (mai 1707). Il fallut à cette occasion changer le titre de quelques-uns des premiers officiers de l’état, et on la saisit pour nommer lord Cowper chancelier de la Grande-Bretagne. Robert Walpole entra dans le conseil de l’amirauté, tandis que, par compensation, sir Simon Harcourt et d’autres amis de Harley obtenaient des positions importantes ; mais de toutes les promotions qui signalaient l’influence des whigs, la plus significative avait eu lieu l’année précédente. Lord Sunderland avait remplacé Hedges dans le poste de secrétaire d’état. L’ancien ministre de Guillaume III, le gendre de Marlborough, était un singulier collègue pour Harley, dont la situation, comme celle de Saint-John, devenait fausse dans une administration où ils semblaient n’être entrés que pour assister au déclin de leur parti.

Mais ces contradictions entre les faits, les opinions et les paroles n’étaient pas une insurmontable difficulté pour de tels hommes. Saint-John était protégé par l’éclat de son talent. Il s’était appliqué dans ses fonctions spéciales à bien servir l’armée et son chef. Il se rendait agréable à Marlborough, et nul ne savait plus éloquemment le louer dans la chambre des communes. Les succès de deux campagnes déposaient en faveur de l’administration militaire, et Saint-John après tout était le secrétaire de la guerre de Blenheim et de