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LA
POESIE ANGLAISE
DEPUIS SHELLEY


Julian Fane’s Poems, London 1853




En fait de littérature, l’Angleterre n’est jamais une, et, pour la juger, il faut rechercher laquelle triomphe des deux influences qui la dominent tour à tour. Normande ou Saxonne ? La question se résume en ces deux mots, et M. Disraeli, en intitulant un de ses ouvrages les Deux Nations, n’a fait que constater ce dualisme pressenti depuis longtemps déjà. On reconnaît en Angleterre, on admet tacitement une foule de vérités que l’on se garderait bien de proclamer sous une forme plus explicite. Passe pour la chose, mais le nom ? c’est à y regarder à deux fois. Or cette incontestable dualité de races, cet antagonisme se produisant encore aujourd’hui, en plein XIXe siècle, au milieu d’institutions qu’on tient volontiers pour inébranlables, a je ne sais quoi qui choque et trouble ; l’Anglais véritable, le genurine Englishman, lequel en cette qualité répugne à ne pas se croire, lui comme son pays, tout d’une pièce.

Il serait curieux, utile même peut-être, de suivre les modifications sociales et politiques de l’Angleterre, suivant que l’élément normand ou saxon la domine, et de voir laquelle des deux tendances rend la nation davantage à elle-même, en met les masses, pour ainsi dire,