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au protectorat ; malheureusement il oublie que la question de droit disparaît ici devant la question de force, et que l’on aura vainement démontré que la justice est du côté des Valaques, si en même temps ils n’ont pour eux le nombre des baïonnettes. Ce qu’il y a d’important à relever dans ce travail, c’est le sentiment qui l’inspire plutôt encore que la conclusion à laquelle il arrive ; c’est le désir qu’il révèle du maintien de la suzeraineté ottomane et de l’intégrité de l’empire, si, parmi les populations de cet empire, il en est une pourtant qui semble avoir, par l’état avancé de ses mœurs et de ses lois civiles, des raisons de cesser de faire partie d’une société où la religion et les usages sont si éloignés de ceux de l’Occident, ce sont les Moldo-Valaques. Que l’on juge par là des tendances des slaves, qui, sous l’influence du génie de l’Orient, ont pris la plupart des habitudes des Ottomans et ne sont séparés d’eux que par la religion.

CH. DE MAZADE.

LA BOURSE ET LA BANQUE D’ANGLETERRE.

Il y a de l’inquiétude et du malaise à la Bourse. Depuis une quinzaine de jours, le fonds régulateur, le 3 pour 100, a rétrogadé par petites secousses, de 80 fr. à 77 Francs. Peu de valeurs ont résisté à ce mouvement restrictif. Le bénéfice produit par les espérances de pacification se trouve à moitié dévoré. On ne saurait dire précisément à quoi tient cette défaveur. Parmi les spéculateurs au jour le jour, qui veulent savoir chaque soir le motif de la hausse ou de la baisse, on échange des conjectures plus ou moins sombres sur la querelle turco-russe ou sur l’insuffisance des céréales ; mais des faits positifs, des appréhensions suffisamment justifiées, on n’en articule point, il y a même des optimistes qui expliquent ta pesanteur des fonds et l’inertie des affaires, par l’absence des princes de la finance, et qui affirment que le retour des vacances sera le signal d’une brillante reprise. L’explication la plus naturelle à nos yeux est l’état de la place de Londres, où se manifestent, en pleine prospérité, les symptômes précurseurs d’une crise monétaire. Londres étant aujourd’hui ce qu’était Amsterdam au siècle dernier, le grand marché des espèces métalliques, les influences que subit sur cette place le commerce de l’or et de l’argent sont ressenties dans le monde entier, et à cet égard les mesures récemment prises par la Banque d’Angleterre méritent d’être étudiées avec la plus vigilante attention.

Représentons-nous d’abord le mécanisme interne d’une banque privilégiée, afin de nous rendre compte de ces alternatives d’abondance et de pénurie monétaires qu’un appelle ou termes du métier expansion et contraction.

Nous supposons, par exemple, une banque possédant à son point de départ un fonds de 100 millions en valeurs métalliques. La portée naturelle de ses affaires autorise, une émission de 200 millions en papier. En même temps, des capitalistes détenteurs d’une somme de 200 millions dont ils n’ont pas l’emploi immédiat la contient provisoirement à la banque à titre de dépôt gratuit Voilà donc l’établissement privilégié en possession d’un encaisse de