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Le même caractère se retrouvait à peu près dans les débats plus récens de la première chambre, sauf les explications parliculières de M. de Lightenvelt, ministre des affaires catholiques dans le cabinet de Le Haye. M. de Lightenvelt avait à éclaircir une situation personnelle assez délicate, puisqu’on l’avait dit opposé à la présentation de la loi, et que depuis il avait fait un voyage à Rome qui avait été l’objet de plus d’un commentaire dans la seconde chambre des états-généraux. La vérité est que le ministre des affaires catholiques était opposé à la loi, et qu’il n’a point cru pour cela devoir déposer son portefeuille, sacrifiant son goût à un intérêt plus élevé et pensant mieux servir son culte religieux par sa présence dans le conseil que par sa retraite. Ce qu’il y a à remarquer au reste, et ce qui se rattache essentiellement à la mission de M. de Lightenvelt à Rome, c’est qu’au milieu des vives inquiétudes nées de la dernière crise, — inquiétudes qui se sont traduites et se traduisent encore en pétitions de tout genre, — l’esprit de conciliation tend évidemment à dominer tous les conseils et à mettre fin au différend survenu entre le gouvernement néerlandais et la cour de Rome. Quel autre sens pourraient avoir quelques-uns des derniers actes du saint-siège vis-à-vis de la Hollande. Non-seulement le souverain pontife a consenti à ne point laisser l’archevêque d’Utrecht et l’évêque de Harlem s’établir dans ces deux villes, où le gouvernement de La Haye considérait leur présence comme pouvant offrir quelques inconvéniens, mais encore il accédait récemment à des modifications dans la formule du serment canonique par une addition qui réserve la fidélité au roi et à ses successeurs, lui outre, les sermens déjà prêtés par les évêques néerlandais doivent être interprétés dans le sens de l’addition récente. Enfin les évêques sont autorisés par le jupe à prêter le serment civil de fidélité aux lois du royaume. La mission de M. de Lightenvelt n’est point indubitablement étrangère à ces résultats, qui témoignent des dispositions du saint-siège à faire tout ce qui est en son pouvoir pour désarmer les susceptibilités hollandaises.

C’est donc sous le bénéfice de ces rapprochemens et de ces tendances conciliantes que la loi destinée à régler la surveillance de l’état sur les cultes vient d’être votée, — dans la seconde chambre des états-généraux par 41 voix contre 27. — dans la première chambre, par 21 voix contre 16. Le chiffre même de la majorité indique assez les divisions profondes de l’opinion publique. Maintenant le gouvernement a dans la main l’arme qu’il demandait ; c’est à lui d’en user dans des vues libérales et tolérantes, de corriger en quelque sorte le principe, par l’application. De quelque manière qu’on juge sous d’autres rapports la loi nouvelle, il est bien clair que ce n’est point la liberté religieuse, au moins complète et telle qu’elle semblait exister ; il est bien évident qu’il peut surgir des difficultés imprévues. Ces difficultés, il est au pouvoir du gouvernement néerlandais de les rendre moins possibles et moins graves, en ne laissant place à aucune considération étroite et exclusive dans l’organisation des cultes qui devra suivre probablement la promulgation de la législation nouvelle. Ce n’est pas seulement l’intérêt des communions religieuses, c’est l’intérêt de la Hollande, qui s’est souvent fait un juste titre de son renom de tolérance.

La crise que traverse l’empire ottoman continue d’être l’objet, au sein des