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au milieu des réactions que les révolutions ont enfantées. Au moment où on niait la vitalité du régime parlementaire, elle a offert le spectacle de ce régime dans toute sa puissance et dans toute sa force contenue. Un des dangers pour le gouvernement constitutionnel anglais, c’était la dissolution presque complète des partis qui se produisait dans ces dernières années. Le ministère actuel est venu justement pour arrêter cette dissolution, pour essayer de créer, par une coalition de forces diverses, une politique nouvelle, et ce n’est pas là le moindre trait du patriotisme britannique d’appuyer Le ministère dans cette œuvre. L’Angleterre fait des coalitions conservatrices comme nous avons fait des coalitions destructives.

Voici maintenant un autre pays constitutionnel tout occupé d’un incident d’une nature différente. Depuis quelques mois, on le sait, le mariage du prince royal de Belgique, du duc de Brabant, avec une archiduchesse d’Autriche, était décidé. Ce mariage vient de s’accomplir au milieu des fêtes et des pompes de tout genre. La jeune archiduchesse s’est retrouvée dans sa patrie nouvelle au milieu des souvenirs de Marie-Thérèse. C’est là évidemment un fait qui vient ajouter un élément de stabilité le plus à la royauté belge, d’autant plus qu’il s’appuie sur les démonstrations monarchiques les plus vives et les plus complètes de la part du pays. Est-ce bien l’heure de se demander si un tel événement entraîne un changement de politique pour la Belgique ? C’est, à ce qu’il parait, l’avis de l’auteur d’une brochure intitulée la Belgique et le mariage autrichien. Afin sans doute que le déguisement soit complet, l’auteur, signe de ces mots : Un Belge. En vérité, il y a quelque mauvais goût à venir doctoralement poser ces questions dans une circonstance semblable. Quoi donc ! la Belgique, monarchie jeune encore parmi les monarchies européennes, a trouvé l’occasion d’une alliance avec l’une des plus anciennes maisons royales ; cette alliance, elle l’a due à la sagesse de son chef, à l’habileté avec laquelle il a su diriger ses destinées, et il faut en conclure aussitôt que la Belgique est autrichienne ! Il y a pour ce pays une politique plus sage, qui consiste à n’être ni autrichien ni français, mais à être lui-même avant toute chose, consultent ses intérêts et y trouvant la règle de ses alliances naturelles. Il suffit, il nous semble, que la Belgique suive cette voie pour que, même après le mariage qui vient de s’accomplir, elle reste avec la France dans des rapports qui se fondent sur les intérêts des deux pays. C’est ce qui fait que les fâcheux présages du Belge, auteur de la brochure dont nous parlions, ne nous semblent pas peser d’un grand poids dans la balance.

Le mariage du duc de Brabant n’est pas le seul qui s’accomplisse en ce moment même ; celui de l’empereur d’Autriche avec une jeune princesse de Bavière vient d’être également décidé, et, par une circonstance singulière, c’est peut-être celui-ci qui a la moins grande importance politique. Si du reste, à part le mariage du jeune empereur, l’Autriche, comme les autres pays, a été absorbée dans ces derniers temps par les préoccupations de la question d’Orient, sa politique, sur un autre point, vient de subir des modifications sensibles. La situation de la Lombardie a reçu des adoucissemens particuliers ; l’état de siège a été tempéré ; en un mot, le gouvernement autrichien s’est relâché un peu de la rigueur compressive dont il avait jusqu’ici