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MARC-ANTOINE RAIMONDI.




REPRODUCTIONS PHOTOGRAPHIQUES DES ESTAMPES DE MARC-ANTOINE RAIMONDI, AVEC UNE NOTICE,
PAR M. BENJAMIN DELESSERT, IN-4°. PARIS, 1853, GOUPIL.




Voilà quatre cents ans que l’invention est née d’imprimée des estampes. Quatre siècles, c’est une vie déjà longue pour des feuilles de papier qui passent de mains en mains et risquent à chaque instant d’être déchirées, froissées, tachées, égarées ou brûlées. Il faut presque un miracle pour qu’elles échappent à toutes ces chances de destruction ; aussi les estampes qui remontent aux premiers temps de la gravure, à la moitié du XVe siècle, ou seulement au commencement du XVIe, sont aujourd’hui si rares et d’un tel prix, possédées par des mains si jalouses, conservées avec de telles précautions, que l’étude en devient presque impossible ; pour l’artiste, surtout à ses débuts, elles sont comme si elles n’étaient pas.

Et pourtant que de leçons, que d’enseignemens dans ces vieilles gravures ! Ceux qui aspirent à manier sérieusement le burin, le crayon ou le pinceau, peuvent-ils se passer de les connaître à fond, de les consulter sans cesse, non pas seulement à la dérobée dans quelques dépôts publics, mais chez eux, dans leurs ateliers, à leurs heures ? Il n’en est pas de la gravure comme des autres arts du dessin : ses premières productions ne sont pas d’informes essais, de grossiers tâtonnemens ; l’érudit et l’archéologue n’ont pas seuls plaisir et profit à fouiller ses origines. La gravure est venue au monde vingt ans à peine avant Michel-Ange, à une époque où l’art de dessiner touchait à sa perfection ; de là vient qu’elle n’a point eu d’enfance :