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LES PÊCHEURS.




I.
le chant des pêcheurs.


Un petit port breton devant la Mer-Sauvage
S’éveillait ; les bateaux amarrés au rivage,
Mais comme impatiens de bondir sur les flots,
De sentir sur leurs bancs ramer les matelots,
Et les voiles s’enfler, et d’aller à la pêche,
Légers, se balançaient devant la brise fraîche ;
Tout était bleu, le ciel et la mer ; les courlis,
Tournoyant par milliers, de l’eau rasaient les plis ;
Des marsouins se jouaient en rade, et sur les plages,
Mollement au soleil s’ouvraient les coquillages,
Qu’il vienne au bord des flots, à ton miroir vermeil,
Celui-là qui veut voir ton lever, ô soleil !

Bientôt les bons pêcheurs de ce havre de Vannes,
À l’heure du reflux, quittèrent leurs cabanes.
Sur leurs habits pesans, tout noircis de goudron,
L’un portait un filet et l’autre un aviron ;
Leurs femmes les suivaient, embarquant une cruche
D’eau fraîche, un large pain qui sortait de la huche,
Du porc salé, du vin, — et durant les adieux
Leurs regards consultaient les vagues et les cieux.

Les chaloupes enfin, se défiant entre elles,
Comme de grands oiseaux déployèrent leurs ailes.