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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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14 janvier 1853.

Puisque donc nous voici entrés dans une année nouvelle et que cette année elle-même n’est déjà plus entière devant nous, puisqu’il ne nous est point donné de suspendre le vol rapide du temps, ou plutôt puisqu’il est en dehors de notre pouvoir de nous arrêter nous-mêmes, selon la pensée d’un vieux poète, ne faut-il pas du moins, à mesure que se déroule le spectacle des choses actuelles, essayer du mieux qu’il se peut de les recueillir et de les coordonner ? Sur ce fond mystérieux et changeant d’une époque, l’historien n’est tenu de saisir que les grandes lignes, les grands résultats. Que d’élémens obscurs y trouvent place cependant ! Que d’impressions fugitives viennent s’y mêler ! Que d’événemens qui ne sont des événemens que pour les contemporains et qui forment néanmoins ce que nous pourrions appeler le tissu de l’existence quotidienne d’un peuple ! Rien ne passe sous nos yeux qui n’ait son caractère et sa signification ; rien ne se produit qui ne puisse offrir à quelque degré la mesure du mouvement des choses, depuis l’inauguration d’une église jusqu’à ces questions diplomatiques où se manifestent les dispositions réciproques des gouvernemens, depuis les démembremens d’un parti jusqu’aux changemens qui s’opèrent dans l’organisation politique d’un pays. Chaque jour heureusement ne voit point éclater quelqu’un de ces faits qui transforment radicalement la vie d’une nation ; mais les révolutions une fois accomplies et une situation étant donnée, chaque jour peut montrer cette situation sous une face nouvelle et par des côtés divers. Autant d’incidens qui se produisent, autant de traits de la physionomie du moment ; et quand ces traits se dessinent avec quelque confusion, c’est à qui sait bien regarder de les voir d’une manière distincte. L’année qui s’ouvrait il y a peu de jours a-t-elle déjà vu uaitre quelques-uns de ces incidens caractéristiques ? Peut-être en est-il plus d’un où se peint la situation de la France vis-à-vis d’elle-même en quelque sorte et vis-à-vis des autres pays. Deux faits d’un ordre bien différent, — l’inauguration de Sainte-Geneviève et la reconnaissance du nouvel empire par