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est en voie de réaliser de nouveaux progrès. Je voudrais faire connaître sommairement son état actuel, en indiquer les véritables causes, et en induire l’avenir; plus d’un enseignement utile peut sortir pour la France de cette étude.

Une crise grave et douloureuse s’est déclarée presque en même temps, quoique par des causes différentes, il y a maintenant bien près de cinq ans, dans les intérêts agricoles des deux pays. J’essaierai d’en apprécier à part la portée; mais il importe auparavant d’examiner quelle était, avant 1848, la situation des deux agricultures. Deux ordres de questions se rattachent à cette comparaison, les unes fondamentales, qui dérivent de l’histoire entière de leur développement, les autres transitoires qui naissent de leur condition pendant la crise; les premières doivent passer avant les secondes.


I.

Avant tout, il importe de se bien rendre compte du théâtre même des opérations agricoles, c’est-à-dire du sol.

Les îles britanniques ont une étendue totale de 31 millions d’hectares, c’est-à-dire les trois cinquièmes environ du territoire français; qui n’en a pas moins de 53; mais ces 31 millions d’hectares sont loin d’avoir une fertilité uniforme : il s’y trouve au contraire des différences plus grandes peut-être qu’en aucun autre pays. Tout le monde sait que le royaume-uni se décompose en trois parties principales, l’Angleterre, l’Ecosse et l’Irlande. L’Angleterre forme à elle seule la moitié environ du territoire ; l’Ecosse et l’Irlande se partagent le reste à peu près également. Cette division, qu’il ne faut jamais perdre de vue, se retrouve dans les faits agricoles, et chacune de ces trois grandes fractions doit elle-même se partager, sous le rapport de la culture comme sous tous les autres points de vue, en deux parties principales.

L’Angleterre se divise en Angleterre proprement dite et pays de Galles; l’Ecosse, en haute et basse; l’Irlande, en région du sud-est et région du nord-ouest. Des différences énormes se remarquent entre ces diverses contrées.

L’Angleterre proprement dite est la portion la plus grande et la plus riche des trois royaumes; elle comprend 13 millions d’hectares, ou un peu plus du tiers de l’étendue totale des îles britanniques et l’équivalent d’un quart de la France. C’est d’elle surtout qu’il doit être question dans cette étude. En lui comparant le quart de la France le mieux cultivé, c’est-à-dire l’angle du nord-ouest, qui comprend les anciennes provinces de la Flandre, de l’Artois, de la Picardie, de la Normandie, de l’Ile-de-France, et même en y ajoutant les