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BURKE


SA VIE ET SES ÉCRITS.




PREMIÈRE PARTIE.




De tous les hommes célèbres de l’Angleterre, il n’en est pas dont le nom me semble avoir dans ces derniers temps plus grandi que celui de Burke. Il est rare qu’il soit cité dans son pays sans quelque magnifique éloge par les écrivains les plus graves, et son autorité n’est jamais, invoquée sans déférence. On peut s’étonner de ce retour de faveur envers sa mémoire ; car, dans les années qui suivirent sa mort, il semblait n’avoir laissé qu’une de ces réputations de parti qui n’excluent pas des talens supérieurs, mais qui atteignent rarement à la gloire incontestée. Depuis lors, il ne s’est accompli, dans les opinions ni dans les faits, aucune de ces révolutions qui donnent tout d’un coup raison et crédit à un homme d’état longtemps méconnu, à un penseur longtemps mal compris. Rien ne s’est passé en Angleterre qui puisse être regardé comme l’ouvrage de Burke. La France a quelquefois justifié, plus souvent démenti ses prédictions. Les hommes qui illustrent depuis vingt ou trente ans le gouvernement britannique ne se proclament ni ses disciples ni ses continuateurs. À mes yeux, cette renaissance de renommée est surtout littéraire. Elle est due au grand écrivain dont le talent a fait école. Quoique ce soit malheureusement le mérite dont nous osions le moins juger, quoique celui de Burke en général nous semble un peu au-dessous du rang qu’on lui