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REVUE. — CHRONIQUE.

tique au reste, est loin d’avoir été malhabile depuis quelques mois. Urquiza semble s’être proposé d’éloigner la guerre civile, d’empêcher la révolution de s’étendre aux autres provinces, et d’abandonner Buenos-Ayres à son propre sort. Il paraît avoir voulu laisser la révolution de Buenos-Ayres se consumer, s’épuiser, se dévorer elle-même. C’est ce qui est arrivé à peu près. L’insurrection du 1er décembre, si elle réussit, ne peut avoir d’autre résultat que de rattacher Buenos-Ayres à d’autres provinces, et de favoriser la politique du général Urquiza. D’ailleurs, ce pouvoir d’Urquiza régularisé était sans doute à l’origine la meilleure condition pour ce malheureux pays. À l’abri de cette autorité nouvelle, on eût pu travailler sérieusement, activement, au développement matériel de ces contrées ; on eût pu suivre la voie tracée par l’intelligente mesure qui avait déjà ouvert au commerce les rivières argentines. Aujourd’hui cela est plus difficile, car toute autorité qui s’élèvera à Buenos-Ayres se trouvera au milieu de partis divisés, déchirés, envenimés. C’est ainsi que chaque révolution vient retarder encore malheureusement la civilisation de ces pays, qui attendent le travail de l’homme, et à qui on donne sans cesse le sang versé dans les guerres civiles. ch. de mazade
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ASTRONOMIE DESCRIPTIVE.[1]

L’astronomie, ainsi que plusieurs des sciences d’observation qui sont susceptibles d’applications mathématiques, peut être étudiée ou exposée à trois degrés divers de difficulté. D’abord on peut faire connaître, ou pour ainsi dire raconter les résultats de cette belle science en exigeant du lecteur une confiance aveugle dans les calculs et les observations des savans. C’est proprement alors la science descriptive, qui enregistre toutes les conquêtes de l’esprit humain et connaît l’univers par ouï-dire. Suivant le précepte d’Horace, celui qui entreprend cette exposition difficile doit avoir principalement pour but la clarté du sujet qu’il veut développer, et abandonner les objets sur lesquels il désespère de jeter de l’éclat. Sous ce point de vue, les célèbres leçons de M. Arago et le Cosmos de M. de Humboldt sont des modèles parfaits. Une seconde manière bien plus sérieuse d’étudier l’astronomie exige l’emploi des formules mathématiques, en général assez simples, au moyen desquelles les astronomes praticiens enchaînent les observations pour en déduire les lois des mouvemens célestes. Ici on peut vérifier soi-même, en partant des observations consignées dans les registres des grands établissemens, toutes les déductions précédemment admises, et même tirer de ces observations les conséquences nouvelles qui auraient échappé à ceux qui les premiers ont eu ces registres à leur disposition. L’astronomie est tout entière dans cette union de calculs suffisamment élevés pour utiliser les données de l’expérience avec les observations portées par la sagacité, l’habileté et la persévérance des astronomes au plus haut point de précision qu’il soit donné à l’homme d’atteindre.

Le troisième degré d’études astronomiques est pour ainsi dire tout à fait

  1. Voyez un premier article, l’Astronomie en 1852 et 1853, dans la Revue du 15 janvier.