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LA MONARCHIE


DE 1830.




PREMIERE PARTIE.




Nous avons exposé dans ce recueil notre pensée sur le gouvernement de la restauration[1] ; nous voudrions faire suivre aujourd’hui cet aperçu sur la monarchie de 1815 d’un travail analogue sur la monarchie de 1830, afin d’éclairer l’étude de ces deux époques par les similitudes organiques qui les rapprochent et les différences d’esprit qui les séparent. Nous avons mesuré d’avance, on peut le croire, toutes les difficultés d’une pareille tâche. Sans les méconnaître, nous ne les croyons de nature à enchaîner ni la liberté de la pensée, ni même celle de la parole. Sorti d’une immense acclamation populaire, le gouvernement de notre pays veut être fort ; il doit donc permettre d’être juste, — quand d’ailleurs on ne demande que le droit d’apprécier avec une impartialité respectueuse les actes d’un pouvoir qu’on a servi, et dont la chute a laissé au cœur de ceux qui l’ont aimé plus de regrets que d’espérances. Si nous ne trouvons pas d’obstacles au dehors, nous osons affirmer que nous en rencontrerons moins encore en nous-mêmes. Qui que nous soyons, acteurs illustres ou obscurs de ce drame dénoué par une catastrophe dont la soudaineté a confondu toutes les sagesses et humilié toutes les présomptions, il ne reste plus rien entre nous des rivalités et des misères d’un temps dont un abîme nous sépare. Conservateurs et opposans, broyés ensemble sous le char dont le roulement lointain

  1. Voyez les livraisons du 15 mai et du 1er juin 1852.