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ÉLÉGIES.





I.
À UNE SOURCE.


Belle source intarissable,
Qui fais bouillonner le sable
Parmi les roseaux,
Dans une profonde coupe
Que le cresson vert découpe
Jaillissent tes eaux.

Quand le gai soleil éclaire
À midi ton onde claire
Aux sillons moirés,
Le remou de ta surface
Sur le fond de gravier trace
Des cercles dorés.

Prends ta course aventureuse,
Ô ma chère source, et creuse
Un lit pour ton eau ;
Dans les prés que l’été sèche,
Passe bienfaisante et fraîche ;
Te voilà ruisseau !

Vers tes ondes désirées,
Les bœufs, les vaches tigrées,
Viendront à pas lents ;
La truite rose y fourmille,
Et la perche, et la dormille,
Et les poissons blancs.