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REVUE. — CHRONIQUE.

continuaient à jouir des mêmes avantages que par le passé, le traitement dont elles étaient l’objet résultant de tarifs librement fixés par la France et toujours en vigueur. Le gouvernement français s’est préoccupé, et non sans raison, de cette inégalité. Il a demandé au cabinet belge la remise en vigueur temporaire du traité de 1845, sauf à travailler dans des négociations nouvelles à un arrangement définitif. Le gouvernement belge n’a point cru devoir consentir à accepter ces bases, et c’est alors qu’est intervenu le décret du 14 septembre, qui élève, de 15 à 30 cent. les 100 kilos, le droit sur les houilles de la Belgique, et de 4 à 5 fr. le droit sur les fontes. Le gouvernement français était d’autant plus fondé dans cette mesure, que certains objets de provenance allemande trouvaient en Belgique un traitement dont nos produits commerciaux identiques ne jouissaient plus. Comment donc s’expliquer la surprise qui a semblé éclater en Belgique ? Au fond peut-être, le gouvernement belge a-t-il trop compté que les conventions du 22 août pouvaient suppléer à tout. Il y a des momens où il ne faut pas trop se fier à l’habileté, où il vaut mieux un peu de bon sens pour reconnaître les situations et quelque prévoyance pour empêcher les complications de surgir. Quoi qu’il en soit, le gouvernement belge a été étonné, — et c’est sous le coup de la publication du décret du 14 septembre que les chambres se sont ouvertes à Bruxelles. Si on s’en souvient, c’est pour la première fois que le parlement, renouvelé au mois de juin, se trouvait en fonctions. Son premier vote a été un coup de mort pour le ministère belge. Le cabinet avait choisi pour son candidat à la présidence de la chambre M. Verhaegen ; il n’a eu que 46 voix, tandis que M Delehaye en a obtenu 54. Malgré le refus de celui-ci, le coup n’en étciit pas moins porté, et M. Rogier, ainsi que ses collègues, ont déposé leur démission entre les mains du roi. Maintenant, quelle peut être l’issue de cette crise nouvelle ? Ce qui en ressort le plus clairement, c’est que M. Delehaye sera sans doute chargé de la formation d’un cabinet dont la principale mission sera de renouer les négociations avec la France pour la conclusion d’un traité de commerce. M. Delehaye est un député de Gand, ancien vice-président de la chambre, et qui, mieux que tout autre par ses tendances, peut amener une solution conforme aux intérêts des deux pays. Il ne fera d’ailleurs, en cela, que répondre au vœu de l’industrie en Belgique, car en ce moment même les fabricans de Gand viennent d’adresser un mémoire au gouvernement, demandant un renouvellement du traité de 1845. C’est ce qui nous fait croire à une reprise prochaine des négociations, qui cette fois, nous l’espérons, aboutiront à un résultat favorable et définitif.

La vie parlementaire renaît également en Hollande ; il est vrai qu’elle a été à peine interrompue. La session dernière se terminait le 18 septembre ; le 20, une session nouvelle s’ouvrait, et était inaugurée par le souverain lui-même. Le discours royal, en touchant aux principaux intérêts de la Hollande, à l’état de l’Inde, aux finances, aux projets de règlement d’une portion de la dette de l’état, est néanmoins relativement bref et sobre de promesses, ce qui s’explique, assure-t-on, par un dissentiment survenu à la dernière heure entre le roi et son cabinet sur la rédaction même du discours. Quoi qu’il en soit, la situation de la Hollande semble aujourd’hui prospère. Au point de vue politique, dès l’ouverture des états-généraux, l’antagonisme des partis n’a point