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à peine de 16 millions de piastres au Mexique. En 1849, l’argent frappé dans les monnaies de la république mexicaine s’élevait à 20 millions de dollars, sans compter la part de la contrebande, qui était au moins de 3 à 4 millions de dollars. Nous restons, selon toute apparence, bien au-dessous de la vérité ; il est plus probable que la production remontera cette année au taux de 27 millions de dollars qu’elle avait atteint en 1805, sous la domination espagnole. Au Chili, la progression a été plus rapide encore, les mines qui avaient donné 821,000 piastres en 1841 et 1,534,000 en 1845, ayant rendu 3,343,000 piastres en 1849 et 4,070,000 en 1850.

Une cause purement locale va contribuer efficacement à ce progrès. On sait que le procédé de l’amalgamation est à peu près le seul qu’emploient les mineurs pour extraire l’argent au Chili, au Pérou et au Mexique. Pour obtenir un quintal d’argent, il faut dépenser un quintal et demi de mercure. On conçoit que le prix du mercure doive exercer une grande influence sur les extractions. Quand il est trop élevé, l’exploitation se borne aux mines d’argent les plus riches ; quand il s’abaisse, l’exploitation peut descendre jusqu’aux filons les moins abondans. Avant la guerre de l’indépendance, la couronne d’Espagne, qui monopolisait la vente du mercure, le livrait, dans tous les dépôts du Mexique, à 35 ou 40 piastres le quintal ; de là l’immense développement qu’avait pris, malgré la grossièreté des procédés, l’exploitation des gîtes argentifères. Depuis que le gouvernement espagnol, pressé par l’état misérable de ses finances, afferme les produits des mines d’Almaden, les fermiers, qui paient une redevance très onéreuse, et qui n’avaient pendant long-temps aucune concurrence à redouter, ont élevé le prix du mercure hors de toute proportion. Il y a quelques années, on le vendait à Guanaxuato jusqu’à 150 piastres le quintal. En 1850, l’agent de la maison Rothschild le faisait payer, rendu à la Vera-Cruz, 103 piastres et 105 piastres dans le dépôt de Mexico. À la même époque, il valait à Mazatlan 120 piastres. Le prix de revient du mercure, à Almaden, est de 18 dollars le quintal, et on le fournit à raison de 45 dollars pour l’extraction de l’argent en Espagne.

La cherté va cesser avec le monopole. L’Espagne n’a plus le privilège de fournir le mercure aux mineurs du Nouveau-Monde. La Californie renferme des mines de cinabre très abondantes et dont l’exploitation est aujourd’hui en pleine activité. Celles de New-Almaden, situées à quelques lieues de San-Francisco, donnent 400 kilogrammes par jour. À 300 jours de travail par année, c’est un approvisionnement de 120,000 kilogrammes, avec lesquels on peut produire au moins 80,000 kilogrammes d’argent. Sur la mine même, le mercure vaut 25 piastres le quintal ; rendu au Fresnillo, près de la riche veine de Sombrerete, et à la condition de le transporter à dos de mulet depuis