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Rome que je n’ai parlé des autres faits de guerre auxquels des détachemens de l’escadre ont pris part depuis sa formation. Je m’interdirai le plaisir que j’aurais à unir dans un même éloge nos soldats et nos marins, modèles également accomplis d’héroïsme dans le danger, de fidélité à l’austère loi de la discipline, d’abnégation, de dévouement patriotiques. Dans ces tristes temps, l’armée et la marine n’ont pas cessé d’être l’honneur de la France, et nous leur devons d’avoir mêlé quelques belles et consolantes pages à la douloureuse histoire de nos excès et de nos faiblesses. Il y a là pour elles une gloire bien supérieure à toutes les jouissances de l’ambition satisfaite, à toutes les dignités et toutes les faveurs que peut distribuer la main des hommes. Il est pourtant un fait qu’au risque de me répéter un peu je ne puis m’empêcher de signaler à propos de cette expédition, c’est la promptitude admirable, c’est l’espèce de ponctualité mathématique avec laquelle tout se fit dans les opérations de la marine. Jamais on n’avait vu l’embarquement d’une masse d’hommes, leur transport, leur débarquement, s’accomplir avec un ordre, une régularité, une facilité pareils, et je ne fais que répéter ici le témoignage qui nous fut rendu alors par les Anglais, nos juges les meilleurs sans doute et les moins partiaux en pareille matière. C’est que ce mode d’opération, cette guerre de surprises, ces expéditions soudaines, imprévues, conviennent merveilleusement à notre génie national. La combinaison de nos forces de terre et de mer par l’emploi de la vapeur, cette combinaison continuellement pratiquée pendant nos longues guerres d’Afrique, est devenue une habitude et presque un jeu pour nous. C’est un avantage qu’il faut conserver le plus soigneusement possible à notre marine et à notre armée, et si le malheur du monde veut que la carrière des combats vienne un jour à se rouvrir, si la France doit remettre au vent son drapeau sur les champs de bataille, il y a là pour elle un moyen de faire de grandes choses et de frapper même au loin des coups décisifs, qui doit toujours être présent à sa pensée.

Il reste peu à dire sur le rôle de l’escadre pendant ces dernières années. On la voit parcourant les mers du Levant lors du différend élevé entre la porte et les puissances du Nord au sujet des réfugiés hongrois, on la voit montrant son pavillon dans les mers de Grèce au moment