Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 15.djvu/408

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

chevaux tués sous lui, et fit dans cette action tout ce qu’un bon général et un grand capitaine peut faire : il eut grand soin des blessés et il les visitoit tous les jours. » Il ne pouvait manquer de prendre un soin particulier d’Agésilan, son parent, et de Théodate; il les ramena avec lui à Lutétie, où ils reçurent toutes les louanges que leurs belles actions méritaient.

Dans la nouvelle, comme dans quelques mémoires, c’est Roxane, Mme de Montbazon, qui invente et contrefait les deux fameuses lettres pour déshonorer et perdre Isménie. Elle exige de son amant Florizel, le duc de Guise, qu’il soutienne que ces lettres sont véritables, et, ne pouvant obtenir de sa loyauté une pareille indignité, elle lui demande au moins de s’en exprimer avec doute. Florizel a la faiblesse d’y consentir; ses paroles sont promptement exagérées et envenimées, et de toutes parts le bruit s’accrédite que Florizel défend très haut la vérité de ces lettres et se déclare prêt à la soutenir à Agésilan lui-même, « en quelle manière il le voudroit. » Indignation de la reine Amalasonte, Anne d’Autriche, contre Isménie qu’elle croit coupable; grande colère d’Anténor et de Simiane, M. le Prince et Mme la Princesse, contre leur fille, et désespoir de celle-ci, car les deux lettres imaginées par Roxane sont bien autrement fortes que celles que Mme de Fouquerolles avait écrites à Maulevrier, et qui furent attribuées à Mme de Longueville. Première lettre. « Je ne puis vous souffrir plus long-temps dans la tristesse où vous estes. Votre constance m’a entièrement gagnée. Trouvez-vous ce soir dans l’allée des Sicomores, proche des bains de Diane. Je vous dirai ce que je veux faire pour vous. » Autre lettre. « Je croy que vous estes content de moy, cher Agésilan; mais si la promenade des Sicomores vous a plu, celle où je vous ordonne de venir ne vous plaira pas moins. Venez seul, à dix heures du soir, par la porte du jardin ; vous trouverez Lydie, qui vous conduira où je seray. Adieu. »

Ces deux rendez-vous sont assez bien imaginés pour expliquer l’irritation d’Isménie, et comment elle pousse elle-même Agésilan à la venger, et lui ménage un second habile dans Théodate. Le duel avait été résolu « dans un conseil, chez Isménie, où Marcomir et Agésilan estoient. » Les préparatifs de la rencontre et les détails sont moins saisissans et moins romanesques dans le roman que dans l’histoire. La scène y est fidèlement racontée, mais fort abrégée en ce qui regarde les deux principaux adversaires. L’intervention du duc d’Enghien est plus marquée.

« La partie fut liée à deux heures de l’après-midi, à la place des Nymphes (Place-Royale). Florizel y viendroit avec un second, un page et un laquais; Agésilan et Théodate en feroient de même; les deux carrosses se rencontreroient devant le logis de Caliste, et les cochers se