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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.


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30 juin 1852.

La première session législative, sous l’empire de la constitution actuelle, vient de se clore. Plus de six mois déjà sont écoulés depuis les événemens d’où est née cette constitution ; trois mois maintenant nous séparent du jour où les corps délibérans qu’elle avait créés venaient prendre la place presque chaude encore des assemblées anciennes, toujours plus habiles à disputer le pouvoir qu’à le garder. C’étaient des conditions bien autres, assurément. Dans la situation telle qu’elle s’offrait à l’ouverture de la session, tout était nouveau, autant du moins qu’on puisse ainsi parler dans un pays qui a connu et expérimenté tant de régimes ; tout était à essayer. Il eût été difficile que les travaux législatifs ne se ressentissent point des circonstances générales qui venaient de changer si complètement les destinées de la France. Il serait bien plus extraordinaire encore que cette application qui vient de se faire du régime nouveau n’offrît aucune révélation utile, n’eût laissé voir aucune lacune ou aucune complication de nature à appeler l’attention des pouvoirs publics. Ce qu’on peut remarquer, c’est le calme profond dans lequel s’est accomplie cette première expérience des institutions nouvelles. Il y a trois mois, M. le président de la république ouvrait la session par un discours où se manifestait tout entière la pensée du 2 décembre ; il vient aujourd’hui de la terminer par un message qui caractérise suffisamment notre état politique au moment de l’interruption de la législature. On ne saurait méconnaître ce que le prince Louis-Napoléon sait mettre d’habileté et de force dans les occasions où il croit devoir s’adresser au pays ou aux corps publics. C’est une langue politique qui aime à écarter les voiles et les fictions, pour laisser voir la main qui agit, la réalité des choses. Cette réalité, on le sait, c’est la transformation complète des conditions de gouvernement parmi nous, — un pouvoir « qui n’est plus ce but immobile contre lequel les diverses oppositions dirigeaient impunément leurs traits, » selon les termes mêmes de M. le pré-