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SOUVENIRS D’ORIENT





À UN COMPAGNON DE VOYAGE.




Les chants que l’on entend le soir dans la campagne,
Plus ils vont s’éloignant, plus leur charme nous gagne ;
Un peu rauques d’abord, ils se fondent en chœur ;
Ainsi des souvenirs qui bercent notre cœur.
Ami, chacun des pas qu’on fait vers la vieillesse
Adoucit les échos lointains de la jeunesse,
Et du temps écoulé tout nous devient plus cher,
Jusques au souvenir du mal qu’on a souffert.
Notre premier voyage, à chaque jour qui passe,
Ne se pare-t-il pas d’une nouvelle grâce ?
Ah ! l’heure du départ, comme je la revois !
Nous étions ce jour-là plus riches que des rois,
Car nous avions vingt ans et la foi de notre âge ;
Les vastes horizons tentaient notre courage ;
Enfans cruels, encore ignorans des douleurs,
À peine songions-nous à nos mères en pleurs !
Emportés hors de nous par une ardeur sauvage,
Nous vîmes sans pâlir décroître le rivage,
Nous allions devant nous, certains de l’avenir,
Heureux d’être partis et sûrs de revenir.

Nous avions fréquenté déjà dans plus d’un livre,
Et ce vert Mont-Olympe où les dieux ont dû vivre,
Et sur son piédestal le divin Parthénon,