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THOMAS CARLYLE


ET


JOHN STERLING.




I. Latter Days Pamphlets, by Thomas Carlyle, London, 1850. — II. The Life of John Sterling, by Th. Carlyle, 1 vol. in-8o; London, 1852, Chapmann and Hall. — III. Essays and Tales, by John Sterling, with a Memoir of his life, by Julius Charles Hare, London, John Parker.




Thomas Carlyle est l’écrivain qui s’est le plus occupé de son temps; toutes ses pensées, tous ses écrits se rapportent à l’époque actuelle. Le spectacle des faits contemporains, les éruptions révolutionnaires, l’anarchie européenne, la révolution française et ses deux filles cadettes, les révolutions de juillet 1830 et de février 1848, les actions et les réactions politiques, le chartisme, le radicalisme, le bégaiement à peine articulé des doctrines modernes, les psalmodies routinières et monotones des doctrines anciennes, voilà ses sujets d’inspiration, la matière première de ses écrits, raw material, comme disent les Anglais. Ses sources d’inspiration ne sont pas plus lointaines que celles-là, le métal dont il se sert n’est pas plus beau ni plus pur que celui-là. De science pure, de pratique de l’art pour l’art, il ne s’en est jamais occupé; du passé lui-même, du passé historique, il n’aime à s’en informer qu’autant que ce passé contient encore des enseignemens pour le présent, qu’autant qu’il est encore le présent sous une ancienne forme. La guerre des deux roses est sans doute une chose fort dramatique, dirait-il, où le vieux sang normand coula à flots; mais la révolution française est encore bien plus dramatique ; c’est un drame où nous