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mer dans ses rangs pour des objets religieux ou charitables, il en est 6 consacrées à la propagation de la Bible, 2 à Paris, les 4 autres à Nîmes, Strasbourg, Castres et Bordeaux. Le revenu annuel des deux sociétés de Paris dépasse 120,000 francs. D’autres se consacrent aux missions évangéliques, à l’impression des livres religieux, à l’instruction primaire et à la bienfaisance : elles disposent de sommes assez considérables. Des maisons ont été ouvertes aux orphelines à Saverdun, à Castres, à Neuhof, à Marseille et à Achicourt, et aux orphelins à Nîmes, à Montauban, à Orléans, à Livron et à Nérac. Des écoles ont été fondées à Lille et à Paris, une colonie à Sainte-Foy[1].

Au nombre de ces créations de la charité religieuse, une mention particulière est due, à raison de leur caractère spécial, aux deux institutions de diaconesses établies à Paris et à Strasbourg. L’objet que se sont proposé leurs fondateurs a été de procurer aux protestans, sans vœux de pauvreté, d’obéissance ni de célibat, sans engagemens même temporaires et sans cloîtres, les services que rendent aux catholiques les admirables sœurs vouées au soulagement des malades et à l’instruction des enfans. Les protestans devaient être d’autant plus disposés à s’approprier cette bienfaisante institution, qu’ils réclament, pour les dames de La Rochelle et les sœurs de Sedan, l’honneur de l’avoir fondée avant saint Vincent de Paule.

L’institution des diaconesses de Paris est située dans la rue de Reuilly, faubourg Saint-Antoine. La fondation en remonte à 1841, et est due à M. le pasteur Vermeil, l’un des ministres les plus respectables de l’église réformée, secondé par M. le pasteur Valette, digne ministre de l’église luthérienne. Trois grandes divisions se partagent cette institution : 1° l’œuvre des enfans, qui comprend une crèche, une salle d’asile, une école primaire, une école d’apprentissage et une infirmerie pour les enfans scrofuleux ; 2° l’oeuvre des malades, qui contient un hôpital ; 3° l’œuvre du refuge ou pénitentiaire, destinée aux femmes repenties. Les sœurs diaconesses sont admises à l’âge de vingt et un à trente-cinq ans ; elles sont d’abord reçues sœurs aspirantes, et acquièrent, après six mois, le titre de sœurs adjointes, qu’elles conservent pendant un an au moins. Ce noviciat terminé, elles peuvent, par délibération du conseil, passer à l’emploi de diaconesse. Dix-huit sœurs seulement, dont six aspirantes, suffisent aux nombreux besoins de l’institution, qui a déjà rendu de grands services.

Strasbourg a vu aussi s’élever dans ses murs un établissement de diaconesses, présidé, depuis octobre 1842, par M. le pasteur Hœrter, et qui contient également un hôpital et des écoles. Vingt-quatre sœurs y sont attachées, d’après les principes suivis dans la maison de Paris.

  1. Voir l’AImanach protestant pour 1851. Sans doute d’autres établissemens, non mentionnés dans cet almanach, sont encore dus aux protestans.