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CELESTE COLTELLINI


ET PAISIELLO.




L’histoire des grands virtuoses du siècle passé est l’un des sujets les plus délicats que puisse aborder la critique. Non-seulement on a beaucoup de peine à réunir les plus simples élémens de leur biographie, mais, lorsqu’on croit être sur les traces de ces oiseaux voyageurs qui perchent aujourd’hui sur un arbre et demain sur un autre, il reste à noter les gazouillemens de leur gosier, à saisir les mille nuances de vocalisation qui forment le caractère et le tissu de leur style. Dans les livres fort rares qui parlent de ces merveilleux phénomènes de l’art et de la nature, on ne trouve que l’expression d’une admiration banale, que des mots ambitieux dont il est assez difficile de préciser la signification. Pour arriver à des résultats qu’on ne puisse pas trop contester, pour se faire une opinion à peu près exacte d’un chanteur qu’on n’a point entendu, il faut comparer le récit des biographes qui nous ont transmis des renseignemens sur les artistes contemporains avec la musique qui a servi de thème à leurs succès et tirer de ce rapprochement une conclusion qui ne soit pas entachée d’idolâtrie. Telle est la marche que nous avons constamment suivie dans ces études où nous essayons de restaurer quelques images adorées dont le temps a terni les couleurs.

Céleste Coltellini a été certainement une des cantatrices les plus intéressantes de la fin du siècle dernier. Née à Florence, vers 1764, d’un père qui n’était pas sans quelque réputation littéraire, la jeune Coltellini