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s’empara après un siége qu’il dirigea en personne, comme l’eût fait un officier de génie expérimenté ; Trinquemalé, théâtre peu après d’un nouveau combat livré par l’infatigable amiral français à l’escadre de l’amiral Hugues, laquelle prit chasse après la lutte, en septembre 1782.

Comme témoignage palpable de notre splendeur éclipsée dans l’Inde, et en échange de quelques privilèges relatifs à la vente du sel et de l’opium, la compagnie anglaise des Indes paie encore à notre trésor une somme d’un million, connue en langage budgétaire sous le nom de rente de l’Inde. Ce million couvrait autrefois une partie des dépenses de celles de nos colonies dont les revenus étaient insuffisans pour subvenir à leurs besoins.


III. – LA GUYANE. – ETABLISSEMENS DE L’OCEANIE ET DE TERRE-NEUVE.

Nous arrivons à des colonies qui doivent être considérées surtout soit comme points de relâche pour notre marine militaire ou marchande, soit comme établissemens d’utilité sociale. Dans cette dernière catégorie se place la Guyane : c’est la seule de nos possessions où l’émancipation des esclaves ait ruiné le travail. Bien avant 1848, la Guyane languissait faute de bras ; ses immenses savanes, ses vastes forêts vierges appelaient et appellent encore des cultivateurs laborieux et des pionniers intelligens. Aujourd’hui la Guyane est au moment de se transformer en un vaste pénitencier. Il importe de savoir quelles ressources offre ce territoire à la classe de travailleurs qu’on se propose d’y acclimater.

Il est un fait que nous tenons d’abord à constater, en ayant recours non-seulement aux documens officiels, mais à des renseignemens encore inédits dus à un des officiers les plus éminens de notre marine c’est que l’opinion publique a été parfois trompée sur la Guyane française. Dans cette région, quoique voisine de l’équateur, le climat est chaud, mais supportable ; l’on y cultive la canne à sucre, le cacao, l’indigo, le café et le coton. Le sol de la Guayane est couvert dans certaines parties de magnifiques forêts ; mais, à mesure qu’on s’y enfonce, ces bois sont embarrassés par des lianes, des arbustes, des troncs déracinés, qui les rendent d’un accès difficile. Des cours d’eau assez étendus traversent ces solitudes ; malheureusement ils sont barrés dans leur partie supérieure par clés rochers qui s’opposent à la navigation. On ne peut douter que la grande étendue de plaines marécageuses qui bordent presque tout le littoral de la Guyane ne soit le produit de lentes alluvions faites par la mer. Ces terrains, souvent noyés, sont généralement couverts par la végétation des palétuviers, au milieu desquels de nombreux animaux trouvent asile. Les petites montagnes qui s’élèvent à quelques lieues dans l’intérieur, dans la