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des unions que, dans l’origine, avaient contractées les Européens avec les femmes indigènes. Ces femmes en effet, loin d’être des esclaves, étaient souvent des filles ou des sœurs de chefs, de rois, car tel est le titre pompeux dont ces chefs se décorent, et qu’on leur reconnaît même dans les transactions officielles.

Les registres de la douane attestent que le mouvement général d’importations et d’exportations du Sénégal et dépendances, — lequel, en moyenne décennale, de 1827 à 1837, équivalait à 7,042,809 francs, — avait atteint le chiffre de 14,604,427 francs, — c’est-à-dire avait presque doublé de 1837 à 1847. La plus récente moyenne quinquennale, comprise entre 1845 et 1850, avait atteint le chiffre plus remarquable encore de 19,539,762 francs !

Outre les relations commerciales qui ont leur centre dans nos possessions africaines, il en est d’autres que nos bâtimens troqueurs entretiennent avec les nombreux pays intermédiaires. Bien que moins élevé que celui de nos échanges avec nos possessions nationales, ce chiffre n’en est pas moins en voie de progrès, surtout depuis que l’huile d’arachides et l’huile de palme récoltées dans ces pays sont employées avec tant de faveur en France. Qu’on en juge : le mouvement commercial de ces contrées intermédiaires, qui, de 1831 à 1836, était, en moyenne annuelle, de 819,976 francs, a atteint, de 1837 à 1845, la moyenne quinquennale de 4,147,257 francs, et, de 1845 à 1850, celle de 11,042,568 francs !

Plût au ciel que, sur tous les autres points du globe, nous pussions constater un pareil progrès dans le mouvement de notre commerce maritime ! De pareils résultats sont dus quelque peu à la sécurité que notre station navale a su procurer à notre commerce sur ces plages encore à demi barbares. Il a fallu souvent garantir cette sécurité à coups de fusil, en opérant des descentes à travers les barres de brisans du littoral. C’était le devoir de notre escadre, comme c’est celui de la garnison du Sénégal de châtier les pillards dans l’intérieur de la Sénégambie : l’une et l’autre ont donc des droits à la reconnaissance de notre commerce maritime, qui d’ailleurs n’a jamais manqué une seule occasion de la leur témoigner fraternellement.

La métropole a fait de louables efforts pour répandre l’instruction morale et religieuse parmi les populations du Sénégal. La race blanche n’est pas représentée dans cette colonie, comme aux Antilles, par des propriétaires en quelque sorte fixés au sol, mais par des colons de passage, fort empressés de quitter ces bords malsains dès qu’ils ont pu amasser quelques dizaines de mille francs. La race mulâtre n’est point non plus, au Sénégal, sourdement hostile à la race blanche. Grace aux efforts de l’administration locale et du clergé, des mariages réguliers ont remplacé presque généralement les mariages dits à la mode