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sucre exporté, tandis que le premier trimestre de 1851 n’avait atteint que 1,905,878 kilogrammes. On le voit donc, la Guadeloupe, comme sa sœur la Martinique, s’est remise au travail, et au travail libre, avec une certaine persévérance ; espérons que la sécurité dont elle jouit ne tardera pas à lui rendre sa prospérité première.

Quant aux importations de marchandises opérées dans la colonie de 1848 à 1852, elles ont subi à peu près les mêmes variations qui ont affecté les exportations. Ainsi le mouvement d’importations, qui montait en 1847 à 21,339,187 fr., tombe, à la fin de 1848, à 11,981,681 fr. et se maintient, à la fin de 1849 et de 1850, à peu près au même chiffre, puisqu’au terme de la première année il accuse un total de 12,485,117 fr. et au terme de la seconde un total de 12,770,029 francs ; mais en 1851 il se relève d’une manière assez sensible. Les marchandises importées dans la colonie pendant les trois premiers trimestres de cette année 1851 montent à la somme de 13,035,135 francs, tandis que la période correspondante de 1850 n’accusait qu’une valeur de 10,827,370 francs.

Telle est aujourd’hui la situation des Antilles françaises, possessions nationalisées jadis par le courage de leurs habitans, qui souvent mêlèrent leur sang au sang de nos soldats et de nos marins pour conserver le pavillon de la métropole. Que de choses glorieuses ont vues les palmiers centenaires qui couronnent ces oasis de la mer des Antilles ! Ils ont vu les brillans combats de d’Estaing contre Byron, ceux plus brillans encore de Guichen contre Rodney ; ils ont vu Lamothe-Piquet lutter héroïquement contre les forces supérieures de l’amiral Hyde Parker. Plus récemment, les eaux du golfe du Mexique, dont elles avoisinent l’entrée, ont été témoins d’un fait d’armes non moins glorieux, l’attaque et la prise de la formidable citadelle de Saint-Jean d’Ulloa par l’amiral Baudin, fait d’armes que les Américains, lors de leur dernière guerre, n’osèrent jamais tenter avec des forces navales presque doubles des nôtres. Nos Antilles, qui, en temps de paix, abritent par centaines les bâtimens marchands porteurs des produits de notre industrie, seraient donc en temps de guerre ce qu’elles ont été déjà, d’excellens points de relâche et de ravitaillement pour nos escadres et pour nos croiseurs chargés d’opérer dans ces mers contre le commerce ou les établissemens de l’ennemi.

Au groupe de ce que j’appellerai nos colonies de production se rattache une île dont le premier aspect laisse dans toute ame de marin d’ineffaçables souvenirs. C’est en 1826 que je contemplai pour la première fois les splendides paysages de l’île Bourbon. J’étais alors embarqué comme aspirant sur une corvette, et c’était par une de ces belles soirées si communes sous les tropiques que notre bâtiment faisait le tour de l’île charmante dont les derniers rayons du soleil illuminaient