Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 14.djvu/937

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LES


COLONIES FRANCAISES


EN 1852.




La France a, sur la situation de ses colonies, des notions fort incomplètes. Ces établissemens lointains, qu’elle croit voués à une irrémédiable décadence, font, depuis plusieurs années déjà, de notables progrès dans la voie du développement commercial et industriel. Le moment est venu peut-être de montrer les colonies françaises sous leur vrai jour et d’opposer quelques faits, quelques documens précis, aux déclamations dont elles ont trop souvent fourni le thème. La situation coloniale, telle qu’on peut l’observer aujourd’hui, est d’autant plus digne d’attention, qu’on a droit de la regarder comme plus stable. Avant 1848, une grande question était pendante ; l’abolition de l’esclavage ne se présentait encore qu’à l’état de redoutable problème. Des hommes prévoyans et sages, M. le duc de Broglie à leur tête, avaient fait de nobles efforts pour opérer cette transformation sans secousses et sans désastres ; mais, soit excès de prudence chez les uns, soit excès de scrupule financier chez les autres, soit enfin aveuglement et obstination de la part du plus grand nombre, la solution menaçait de se faire indéfiniment attendre, quand éclata la crise imprévue qui devait couper court à toutes les résistances. Aujourd’hui l’abolition de l’esclavage est un fait accompli, c’est une épreuve terminée, et les causes partielles qui se rattachent à cette brusque transformation sont déjà loin de nous. Les conditions dans lesquelles nous trouvons le travail colonial en 1852 ne semblent plus exposées à aucune modification essentielle,