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travers l’isthme de Panama proprement dit, qu’on est le plus près d’arriver à un résultat positif. Le chemin de fer que l’on construit à travers l’isthme est sur le point d’être livré à la circulation sur plus de la moitié de sa longueur, qui atteint à peine 74 kilomètres en tout. Un seul jour suffira alors pour traverser l’isthme, et plus tard, lorsque le chemin sera terminé, il ne faudra plus que deux ou trois heures pour un trajet qui demande actuellement de deux à quatre jours.

La véritable jonction des deux mers par un canal maritime à travers le pays de Nicaragua n’est encore qu’à l’état de projet ; mais elle paraît sur le point d’être mise à exécution, et, en attendant, on a installé dans cette contrée un service de transport qui se fait sur la presque totalité du parcours au moyen de bateaux à vapeur. Ce service se relie à deux lignes de navires à vapeur sur les deux océans, qui font déjà concurrence à celles qui aboutissent des deux côtés à l’isthme de Panama.

Plus au nord, sur l’isthme de Tehuantepec, on n’en est encore qu’aux préliminaires. La question se complique de difficultés qui réclameront sans doute l’intervention de la diplomatie, et qui peuvent entraîner encore une fois de graves différends entre le Mexique et le gouvernement de l’Union.

En définitive, sur toutes ces lignes de transit, c’est le peuple anglo-américain qui a pris l’initiative des travaux : c’est que ce peuple est possédé de l’idée de se frayer un chemin rapide des ports de l’Atlantique à ses nouvelles possessions sur le Pacifique, et l’on peut être sûr qu’il saura bien trouver la solution la plus favorable à ses intérêts. Sans doute, dans l’accomplissement de cette œuvre, il ne songe guère à l’avantage que le reste du monde peut y trouver ; mais cet avantage n’en est pas moins réel, et comme cette lutte contre un climat meurtrier, contre des difficultés toujours nouvelles, n’est pas sans dangers, il sera juste de tenir compte à ce peuple hardi entre tous des efforts qu’il fait pour résoudre enfin une question qui s’agitait inutilement depuis des siècles.


ÉMILE CHEVALIER.