Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 14.djvu/887

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

prix. Il a suivi en cela l’exemple du gouvernement anglais, et il aurait, comme lui, si les circonstances l’exigeaient, une flotte nombreuse de bâtimens éminemment propres à faire le service d’éclaireurs.

La compagnie qui transporte les dépêches entre Panama et San-Francisco expédie chaque mois deux navires de chacun des points extrêmes. Ce service correspond à celui qui se fait sur l’Atlantique entre Chagres d’une part, et d’autre part New-York et la Nouvelle-Orléans ; mais il y a en outre un certain nombre de navires à vapeur partant à des intervalles irréguliers, de sorte qu’en moyenne il y a maintenant un départ chaque semaine de Panama et de San-Francisco. Les bâtimens à voile transportent aussi beaucoup de voyageurs.

Panama a été déclaré port franc en 1849, et cette mesure n’a pas appauvri le gouvernement de la Nouvelle-Grenade, car les produits de la douane sont remplacés par une taxe de 2 piastres (8 francs) perçue sur chaque voyageur au départ comme à l’arrivée, et par un droit de patente perçu sur tous les établissemens commerciaux de la ville. Ce droit varie, suivant l’importance des maisons, de 2 piastres à 150 piastres par mois (8 francs à 600 francs) ; on voit qu’il est fort élevé.

Tels sont les pays que doit traverser le chemin de fer. Quant aux opérations de la compagnie, elles ont été à la hauteur des difficultés qu’il s’agissait de vaincre. Dès le mois de septembre 1850, elle prenait les mesures nécessaires pour se mettre à l’œuvre. À cette époque, on fit partir de New-York une première expédition pour l’île de Manzanilla, où la compagnie voulait établir le quartier-général de ses opérations. Cette expédition comprenait, outre les ingénieurs, un certain nombre d’ouvriers destinés à faire les travaux préliminaires, tels que les abattages d’arbres et l’assemblage des bâtimens en bois que l’on avait préparés à New-York, et qui devaient servir de logemens, d’ateliers, etc. À l’expédition étaient attachés des médecins qui amenaient avec eux une pharmacie, à laquelle il fallut souvent avoir recours. On arrivait en pleine saison des pluies sur l’île de Manzanilla, où rien n’était préparé, où il n’y avait pas même une cabane. Aussi plus de la moitié des hommes qui composaient cette avant-garde furent-ils atteints par les fièvres, dont très peu du reste moururent. Enfin on mit en place aussi vite que possible, sur la partie nord-ouest de l’île, les bâtimens apportés de New-York, et l’on s’installa tant bien que mal sur ce premier point. Pendant ce temps, la compagnie s’occupait aux États-Unis de recruter et d’organiser le personnel d’ouvriers dont elle avait besoin. Ici se présentait une question fort importante pour certaines classes d’ouvriers, tels que les maçons, les charpentiers, les forgerons, on savait bien qu’on ne trouverait sur l’isthme aucune ressource ; la plupart des habitans du pays n’ont jamais vu construire le plus simple ouvrage de maçonnerie ; les notions les plus