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Deux grandes lignes de navires à vapeur ont leur point de départ et d’arrivée à Panama ; la plus ancienne est celle qui fonctionne entre Panama, Callao et Valparaiso, et qui a commencé son service il y a huit ans : elle appartient à une compagnie anglaise qui reçoit de son gouvernement une subvention pour le transport des dépêches. Elle se composait, il y a un an, de 4 navires de 600 à 700 tonneaux. Il n’y a qu’un départ par mois de chaque extrémité, et le trajet dure de vingt-cinq à vingt-six jours, parce qu’on fait escale à une foule de ports, notamment à Callao de Lima, où l’on reste cinq jours et où l’on change même de navire. La compagnie s’occupe d’améliorer son service en plaçant sur cette ligne des navires d’un plus fort tonnage et munis de machines plus puissantes qui permettront de faire le trajet beaucoup plus vite. On vient en outre de doubler le nombre des départs, qui ont lieu maintenant deux fois par mois.

La seconde ligne, et de beaucoup la plus importante, est celle qui fait le service entre Panama et San-Francisco. Celle-ci s’est organisée suivant le système américain, c’est-à-dire avec une rapidité merveilleuse, et sans qu’on se préoccupât beaucoup dans le principe de la qualité des navires[1]. La grande question était de commencer sans perdre de temps, en prenant ce qu’on avait sous la main, sauf à améliorer tout cela plus tard. Les améliorations ne se sont pas fait attendre, grace à l’habileté et à l’activité des constructeurs de New-York et des villes voisines. Au bout de deux ans, les deux compagnies qui existaient alors, et qui se sont fusionnées depuis, avaient sur le Pacifique une douzaine de navires, dont la moitié au moins pouvaient soutenir, sans trop de désavantage, la comparaison avec ceux qui font le service entre l’Europe et l’Amérique. On continue d’en construire de neufs pour remplacer ceux qui ne pourront plus faire le service, ou que l’on mettra d’avance à la réforme par mesure de prudence. Les services de New-York et, de la Nouvelle-Orléans à Chagres s’étaient organisés avec la même rapidité. Le gouvernement fédéral de l’Union se départit, dans cette circonstance, de sa réserve habituelle, pour faire des avances de fonds aux compagnies qui devaient être chargées du transport des dépêches, l’une sur le Pacifique, l’autre sur l’Atlantique ; mais bien des navires furent construits par des spéculateurs qui ne demandaient le patronage de personne. Tous n’ont pas également réussi ; mais en définitive le monde commercial a profité de ces nouveaux moyens de transport. Le gouvernement américain s’est réservé la faculté de prendre possession, en cas de guerre, des navires appartenant aux compagnies subventionnées, à la condition d’en payer le

  1. On expédiait, à la vérité, ces navires à Panama par le cap Horn : c’était une manière de les éprouver.