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60,000 le nombre de ces hommes de mer, en n’y comprenant ni les capitaines ni les maîtres au cabotage, qui sont au nombre de 11,000, ni les officiers-mariniers, qui sont au nombre de 5,000, ni les novices, dont on compte 90,000 ; total : 96,000.

Certes, au premier coup d’œil, de pareilles ressources semblent satisfaisantes, car, en admettant que le tiers de ces hommes de mer ne fût propre, en temps de guerre, ni à la navigation ni aux combats, c’est encore une soixantaine de mille hommes parmi lesquels la France pourrait puiser le personnel d’armement de sa flotte. Cependant en marine rien ne s’improvise, — pas plus l’organisation d’un bâtiment que celle d’une flotte, et si l’on veut que cette flotte soit, comme l’armée de terre, en mesure de combattre à un jour donné sans désavantage, il importe de modifier l’organisation actuelle des équipages en la rapprochant de la permanence des cadres de cette même armée de terre. Pour y arriver, beaucoup d’officiers pensent, et nous sommes du nombre, qu’au lieu d’appeler itérativement l’homme inscrit pour le faire servir sur les bâtimens de guerre, il serait préférable de le garder cinq années consécutives sous les drapeaux, sauf à lui accorder un ou deux petits congés pour visiter sa famille pendant ce laps de temps. Il n’y a rien de déraisonnable à solliciter une pareille mesure, laquelle donnerait à nos équipages le caractère de permanence qui leur manque. Le personnel de la flotte ne serait ainsi renouvelé annuellement que par cinquième, on pourrait même dire par septième, à cause des engagemens provenant du recrutement volontaire ou du tirage au sort. Il est inutile d’insister sur les immenses résultats qui découleraient d’un pareil système en ce qui concerne l’instruction des équipages, soit pour les exercices de guerre, soit pour les exercices de manœuvre. Nous n’ajoutons pas qu’il y aurait économie réelle pour le matelot à n’acheter qu’une fois le sac d’effets réglementaires, tandis qu’aujourd’hui il est tenu de renouveler l’acquisition de ce sac chaque fois qu’il est appelé au service[1].

L’institution des équipages de ligne n’a plus guère de rapport avec l’organisation primitive qui lui a donné le jour. Elle comprend un certain nombre de compagnies dites permanentes, bien que leurs numéros et quelques hommes provenant du recrutement en soient les seuls élémens permanens. Rien n’est plus mobile, au contraire, que le personnel de ces compagnies, et cela par suite de la mobilité si

  1. Les lois qui régissent aujourd’hui l’inscription maritime sont :
    L’ordonnance du 31 octobre 1784.
    Ordonnance du 7 janvier 1791.
    Loi du 3 brumaire an IV.
    Loi du 14 fructidor an VII.
    Et plusieurs autres décisions ministérielles.
    Là encore n’y aurait-il pas lieu de résumer toute la législation existante en un seul acte constitutif ?