Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 14.djvu/612

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

De son côté, M. Mérimée nous adresse quelques rectifications et la lettre qui les suit.


MONSIEUR,

Un voyage que j’ai été obligé de faire ne m’a pas permis de revoir les épreuves de ma lettre avec le soin que j’aurais désiré. Je vous avais annoncé un errata. La lettre ci-jointe, en réponse aux observations de MM. les experts, en tiendra lieu.

J’ai hâte surtout de relever une erreur qui m’a été signalée par M. Libri j’ai dit qu’un savant illustre, attaché à la Bibliothèque nationale, avait proposé à M. Franck, dans un échange de livres, des volumes ayant l’estampille de la Bibliothèque nationale. Ces volumes portaient en effet une autre estampille ; du reste, en lisant ce passage, personne n’aura pu se méprendre sur ma pensée. Je citais ce savant comme la personne le plus complètement à l’abri de tout soupçon par son caractère et l’intégrité de sa longue et honorable carrière.

Quelques amis, pour l’opinion desquels j’ai la déférence la plus absolue, m’ont blâmé d’avoir apporté trop de chaleur dans une discussion qui devait rester purement bibliographique. J’ai eu tort, sans doute, et je ne me pardonnerais pas, si cette vivacité pouvait nuire à l’homme dont j’ai pris la défense. On a cru voir dans mon article des attaques contre la justice et la magistrature. Vous savez, monsieur, que telle n’a jamais été mon intention. J’ai dû, pour défendre un accusé, combattre la pièce qui l’inculpait, et, par une conséquence nécessaire, j’ai cherché à convaincre d’erreur les auteurs de cette pièce. Loin de douter de leur justice, je n’ai cessé comme vous d’exhorter M. Libri à purger sa contumace, convaincu que nos magistrats, pourvus d’élémens nouveaux, s’appliqueront avec conscience à la recherche de la vérité.

Recevez, etc.

P. MÉRIMÉE.


P.-S. Je reçois à l’instant une réclamation de M. de Cotte, officier de l’université, neveu de M. Petit-Radel, contre un passage de ma lettre, où, d’après une note de M. Libri et le rapport de plusieurs bibliophiles, je disais que des livres provenant de la Mazarine et achetés en bloc s’étaient trouvés mêlés dans la vente de feu M. Petit-Rade]. M. de Cotte me fait connaître que des pièces entre ses mains prouvent que ces faits sont inexacts ; que les livres de son oncle ont été vendus en détail et se composaient exclusivement de sa collection particulière. Je m’empresse d’accueillir cette réclamation sans la discuter, en assurant M. de Cotte qu’il n’a jamais été dans ma pensée ni dans celle de M. Libri d’élever le moindre doute sur la loyauté de M, Petit-Radel ou de sa famille, et que je n’ai attribué le fait, lorsque je le croyais constant, qu’à une méprise parfaitement involontaire.

Paris, 29 avril 1852.


A MM. Lalanne, Bordier et Bourquelot.

En effet, messieurs, des vérifications complètes ne sont pas si faciles que nous l’avions pensé vous et moi. Chacun de nous a sa part d’erreurs. J’ai fait