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Quant aux différences de titres que vous signalez pour les pièces du recueil 21,960, et quelques autres livres de la Mazarine, veuillez comparer ensemble les trois catalogues de cette bibliothèque ; vous vous assurerez que ces inventaires, qui ne sont point de la même main, se complètent et se corrigent l’un par l’autre. Vous vérifierez ainsi que, contrairement à votre assertion, la pièce citée dans l’acte d’accusation sous le n° 35, est bien indiquée sur le catalogue par cartes (n° 22,586), avec le nom de ville (Turin), le nom d’imprimeur (Mart. Cravoto), le format (in-8°), désignés sur le catalogue de M. Libri (n° 2,545)[1].

Un de vos amis, annoncez-vous dans un post-scriptum, vient de retrouver à la bibliothèque de Troyes, « bien que cet ouvrage ne soit pas inscrit au catalogue, » le Recueil des Histoires de Troie, dont la soustraction avait été imputée à M, Libri. « C’est un in-folio, sans date, imprimé à Paris par Philippe Lenoir. Le livre vendu par M. Libri est un Caxton. » Mais, monsieur, vous vous réfutez ici vous-même. Quel rapport y a-t-il entre un livre imprimé par Philippe Lenoir et un livre imprimé par Caxton ? Ce qui achève de prouver que vous confondez deux éditions différentes, c’est que celle dont vous parlez n’était point, à ce que vous dites, mentionnée sur le catalogue de la bibliothèque, tandis que l’autre y est inscrite, d’après nos notes, avec les désignations suivantes : 2,808 (X. 3,311).

Nous croyons, monsieur, n’avoir laissé sans réponse aucune de vos observations relatives aux ouvrages imprimés[2]. — Quant aux autographes, vous êtes très bref ; nous le serons aussi.

« La Bibliothèque nationale a perdu un fascicule intitulé : Lettres de divers officiers à la reine de Navarre. — M. Libri a mis en vente une lettre de Coligny à ladite reine. Il y a identité. » (P. 327). — Si vous aviez pris la peine d’examiner le catalogue de la collection Baluze et la liasse en question, qui heureusement n’a point disparu, mais a perdu seulement quelques pièces, vous y auriez vu que ladite liasse devait contenir huit lettres de Coligny à Jeanne d’Albret, et que cinq d’entre elles ont été enlevées.

Vous ajoutez : « On a perdu trois lettres autographes de Grotius au duc de Saxe-Weymar, datées de 1636. M. Libri a vendu une lettre du même au même, datée de 1637. Donc il y a identité. » Pardon, monsieur ; mais vous avez oublié de mentionner que l’acte d’accusation signale aussi la disparition de plusieurs lettres dans une liasse de la même collection (Baluze), liasse intitulée Lettres écrites au duc Bernard de Saxe-Weimar par plusieurs personnes, de 1636 à 1639)[3].

Vous plaisantez, monsieur, très spirituellement (p. 328) au sujet d’une erreur que vous nous attribuez, en supposant que nous aurions pris comme étant de M. Libri lui-même, et servant à constater l’état des manuscrits de Peiresc à Carpentras en 1841, la note suivante, qu’il avait copiée dans le Magasin

  1. Cette pièce, portant une trace d’estampille, est actuellement au greffe.
  2. Sauf pour le Matheolus. Le volume est au greffe ; on pourra plus tard faire les vérifications. Quant au Sénèque (p. 322), le catalogue des éditions du XVe siècle, à la Mazarine (n° 132), indique bien, comme nous l’avions dit, une édition de Rome, 1475, édition qui a disparu.
  3. Voyez dans l’acte d’accusation, au chapitre des autographes, le long paragraphe consacré aux collections manuscrites de la Bibliothèque nationale, et entré autres au recueil de Baluze.