Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 14.djvu/530

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LA


MUSIQUE DANS LE NORD.




NIELS GADE. - JENNY LIND. - CHOPIN. - HABERBIER.




Le scandinavisme est en politique une question fort respectable, et qui, moins connue sans doute et mains élaborée que l’idée slave, reléguée davantage, par les nations même qu’elle intéresse, dans les régions crépusculaires de la théorie et du contingent, ne laisse pas que d’avoir ses fidèles et ses prosélytes. Allez à Copenhague, à Upsal, à Christiania, et vous verrez comme les historiens, les savans et les antiquaires s’échaufferont à vous démontrer l’unité d’origine et la communauté de traditions qui existent entre les deux races danoise et suédoise. À ce chœur, es philologues et les géologues viendront bientôt se joindre : ceux-là pour vous prouver, par le commentaire des antiques Sagas islandaises, que les langues procèdent des mêmes rudimens, ceux-ci pour vous convaincre de l’identité du sol.

Le scandinavisme a sa littérature, il a voulu avoir sa statuaire, et, il y a quelques années, une école se fonda pour la réalisation de ce beau rêve. Il s’agissait de reproduire les demi-dieux et les héros de la mythologie d u Nord et de trouver une forme nationale pour les augustes et immortels symboles de l’unité de race et de croyances. On se mit à l’œuvre à Copenhague, à Stockholm et à Rome ; le ciseau s’inspira de l’idée nouvelle, et bientôt tout un olympe de Thors et d’Odins, de Walkyries et de Nornes, se dégagea des profondeurs du marbre. Le malheur voulut que