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MARGUERITE FULLER.




Memoirs of Margaret Fuller Ossoli, edited by Ralph Waldo Emerson and W.-H. Channing ; 3 vol., London, Richard Bentley, 1852.




Pour tous ceux qui aiment à connaître les mystères de la nature humaine, les abîmes qu’elle renferme et tout le monde enchanté des désirs, des passions, des espérances, ce livre sera une bonne fortune, comme il l’a été pour nous. C’est un voyage dans les régions de l’ame et de la pensée qui intéresse et qui renseigne sur certains secrets du caractère humain comme peu de voyages pourraient le faire. Là vous pourrez énumérer et compter tous les volcans qui se sont ouverts dans notre pauvre XIXe siècle ; l’amour du changement, l’inquiétude, l’orgueil, toutes les jeunes passions modernes courent çà et là échevelées, brandissant leurs thyrses comme des bacchantes. Cependant, blotties dans des coins retirés, les vertus des temps passés vivent encore, mais vieillies, presque épuisées, prêtes à s’éteindre et tourmentées pendant les dernières heures qui leur restent à vivre par d’impitoyables lutins, par des cris de désespoir ou de sarcastiques moqueries. La lecture de ce livre laisse dans l’esprit un sentiment de tristesse et presque de compassion. Unir tant d’imaginations à tant de faiblesse pour réaliser ces imaginations, tant d’impérieux orgueil à tant de défaillances, tant d’éloquence à tant de délires ; réduire à néant les dons les plus précieux de la nature et de la Providence par tous les caprices et toutes les fantaisies de la volonté et du caractère ; passer comme un météore enflammé