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La médaille la plus curieuse du règne de Henri II est celle de la Liberté de l’Italie et de l’Allemagne. Elle présente d’un côté le buste du roi Henri II, couronné de laurier, avec cette légende : Henricus II, rex christianissimus, et au revers, un bonnet entre deux épées au-dessus duquel est gravé Libertas. Au-dessous, et comme en exergue, sont inscrits ces mots : Vindex Italioe et Germanioe libertatis, 1552 (vengeur de la liberté de l’Italie et de l’Allemagne). Cette médaille, de grand module (vingt-six limes), fut frappée à l’occasion de la ligue des princes allemands Maurice de Saxe et Albert, marquis de Brandebourg, et du roi Henri II, contre l’empereur Charles-Quint, au moment où ce prince voulait réunir les Pays-Bas à ses autres possessions. Deux autres médailles du même règne rappellent les amours du roi Henri II et de Diane de Poitiers. Sur l’une, on voit le buste du roi couronné de lauriers, et, au revers, Diane chasseresse avec cette légende Nomen ad astra, 1552. Sur l’autre est gravé le buste de Diane de Poitiers, qui ne ressemble, ni par la tournure ni par les ajustemens, à aucun autre des portraits que nous connaissons, et on lit ces mots : Diana. dux. Valentinorum. clarissima. Au revers, on voit Diane chasseresse un carquois à la main et foulant aux pieds l’Amour, avec cette légende Omnium. victorem. vici. (j’ai vaincu le vainqueur de tous). Voilà qui est très superbe ; mais qui donc voulait-on tromper ? Serait-ce par hasard l’avenir ?

Sous le roi Charles IX, l’art fit encore des progrès sensibles. On connaît les deux fameuses médailles de la Saint-Barthélemy, celle où le roi Charles IX, figuré en Hercule, tenant d’une main une massue, de l’autre une torche enflammée, combat l’hydre de Lerne, et celle où le roi est représenté assis sur son trône, la couronne en tête, tenant la main de justice et une épée nue et foulant aux pieds des cadavres. Il fallait que ce prince fût bien aveugle ou bien endurci pour s’enorgueillir d’un crime politique comme d’une action mémorable ; mais il est plus facile de faire mentir le bronze que de charger les lois de la morale et de l’humanité. Une médaille fut également frappée en Italie, sous le pontificat de Grégoire XIII, en mémoire de la Saint-Barthélemy ; elle présente à la face la tête de Grégoire XIII avec ces mots : Gregorius XIII. pont. max. an. I., et au revers, un ange exterminateur tenant de la main gauche une grande croix et frappant, d’une épée qu’il tient de la main droite, les huguenots terrassés. Dans le champ, on lit cette inscription : Ugonotorum strages, — massacre des huguenots, 1572. C’est à tort que l’on a attribué cette médaille au célèbre faussaire Jean Cauvin : on ne connaît pas de médailles de ce graveur postérieures à 1571. Le même événement était célébré sous le même pape par les fameuses peintures du Vatican exécutées par Vasari. Ces peintures décorent la sala reale, qui sert de vestibule aux chapelles Sixtine et Pauline ; elles sont au nombre de trois : la première représente Coligny blessé d’une