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de cuir de leurs pères. On voit retracés sur leurs monnaies métalliques le cheval sans bride et le verrat ou sanglier, symboles de guerre et de liberté. Le pentagone, emblème druidique de l’immortalité de l’ame, y est aussi figuré. Les inscriptions des médailles gauloises sont grecques ou latines, et présentent quelquefois un composé des deux langues ; les inscriptions grecques dominent sur les médailles frappées dans les villes du littoral de la Méditerranée ; les inscriptions latines ou gréco-latines dans le reste de la Gaule. Le travail de la plupart des médailles gauloises est barbare ; il faut en excepter cependant les médailles des villes fondées par les colons grecs, qui sont quelquefois d’un excellent goût.

À partir des règnes d’Auguste et de Tibère, les monnaies gauloises cessent d’avoir cours, et sont remplacées par les monnaies romaines, qui conservent quelques-uns des types nationaux, tels que le cheval et le sanglier. Sous les premiers empereurs, les colonies gauloises cessent absolument de frapper monnaie, et il n’existe aucune médaille coloniale postérieure à Auguste.

Les Francs, en s’établissant dans les Gaules, conservèrent le mode de fabrication monétaire en usage dans le pays ; les monnaies mérovingiennes ont le même poids que les monnaies romaines et gauloises ; seulement la dégradation de l’art est extrême, et les effigies des princes sont d’un goût tout-à-fait barbare. Les plus anciennes de ces monnaies remontent à Clovis ; elles sont d’or, et on ne connaît aucune pièce d’argent de la première race. Ces monnaies d’or offrent l’effigie des princes, dont la tête est couronnée d’un diadème perlé, emprunté aux empereurs romains, que ces rois barbares prenaient pour modèles. Il est également évident que les monétaires francs imitaient les monétaires romains.

Les monnaies carlovingiennes sont tout aussi défectueuses que les monnaies de la première race ; on supprime même l’effigie, qu’on remplace par le monogramme du nom du monarque. Cette innovation date de Charlemagne, et de la part d’un prince qui, sous d’autres rapports, avait provoqué une sorte de renaissance des arts, elle a droit de nous étonner. Sur d’autres pièces, on voit une croix ou croisette. Les figures royales ne reparaissent que plus tard. Il existe beaucoup de monnaies d’argent, deniers ou oboles, appartenant à la deuxième race. À la fin de la dynastie carlovingienne apparaissent les monnaies féodales, frappées par chacun des grands seigneurs qui se partagent le pays. Chacun d’eux veut figurer sur sa monnaie, et les effigies reparaissent sur les sols d’or et deniers angevins, bordelais, chartrains, mantois, poitevins, parisis, tournois, etc. Ces monnaies, comme on voit, empruntent le nom de la ville capitale du domaine de chaque petit prince où elles ont été frappées. Lorsque les ducs de Paris montent sur le trône, les sols et deniers parisis deviennent monnaie royale, et subissent quelques modifications. Sous Louis VI et Louis VII apparaissent les premières pièces à l’écu, semées d’abord de fleurs de lis sans nombre, qui sont réduites à trois sous le roi Charles VI. Pendant la minorité du second de ces princes, la reine régente fit frapper une monnaie d’or à son effigie. Elle est représentée tenant de la main droite un sceptre, et de la main gauche une fleur de lis avec cette légende : Blanche de Castille, mère du roi ; au revers, on voit une croix fleurdelisée, et on lit cette légende : Christ. reg. vine. imp. Cette monnaie a tout l’air d’une médaille, et ce serait alors la plus ancienne