Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 14.djvu/314

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

LE PROCES


DE M. LIBRI.




À M. LE DIRECTEUR DE LA REVUE DES DEUX MONDES.


MONSIEUR,

Vous me priez de donner dans la Revue un résumé du procès célèbre intenté à un de nos anciens collaborateurs, M. Libri. Sans doute un jurisconsulte remplirait mieux cette tâche, car plusieurs questions graves de procédure se rattachent à cette triste affaire. Je sens toute mon insuffisance pour les traiter ; aussi laisserai-je ce soin à d’autres plus habiles que : moi. Mon intention est de me borner au simple exposé des faits qui sont à ma connaissance personnelle, et dont les preuves sont à la portée des personnes curieuses. J’ai lu avec attention tout ce qui a été publié à l’occasion du procès ; des pièces importantes m’ont été communiquées ; j’ai eu recours aux lumières de quelques bibliophiles. Pour me former une opinion, je n’ai eu besoin que d’un peu de patience ; c’est aussi de la patience que je demande aux lecteurs de la Revue qui voudront bien me suivre dans l’examen que je vais entreprendre.

Vous vous souvenez, monsieur, de l’impression produite par les premières accusations lancées contre M. Libri, quelle fut la joie de certaines personnes et leur empressement à accueillir les bruits les plus fâcheux sur son compte. On fut surpris que l’accusé trouvât si peu de sympathie parmi les érudits et les savans, c’est-à-dire parmi les gens qui, en raison d’une conformité de goûts et d’études, devaient passer pour le connaître le mieux. Le rapport de M. Boucly, malgré les grossières