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Les météores ignés ont été l’objet de diverses explications également hypothétiques. D’abord on a cru qu’ils se formaient dans l’atmosphère, puis qu’ils provenaient de la lune, enfin qu’ils circulaient, comme une planète, autour du soleil. Ces trois ordres de suppositions veulent être examinés successivement.

Quand, par une nuit sans nuage, on promène les yeux sur la voûte céleste, on voit immanquablement, si la patience de l’observateur est assez longue, apparaître des points lumineux qui semblent se détacher, et qui, ayant parcouru un espace plus ou moins grand, s’éteignent complètement. Ces météores sont vulgairement appelés étoiles filantes ; ils ont inspiré une charmante chanson à Béranger, lisant dans l’azur tranquille et dans ces flammes fugitives de merveilleux secrets, et l’antiquité croyait qu’ils étaient un présage du vent, ainsi que le témoignent ces vers de Virgile :

Saepe etiam stellas vento impendente videbis
Praecipites coelo labi, noctisque per umbram,
Flammarum longos a tergo albescere tractus.

Les étoiles filantes n’ont rien de commun ni avec la destinée des hommes ni avec les souffles qui poussent les nuages et soulèvent les mers. Ces clartés passagères et inconstantes viennent de plus haut et de plus loin ; mais, considérées par les savans comme l’inflammation de vapeurs aériennes ou comme dues à des phénomènes électriques, elles semblaient suffisamment connues, et n’attiraient les regards que par la soudaineté de leur apparition et de leur extinction.

Quoique plus vifs, plus lumineux, plus rares, les bolides rentraient dans la même explication. Voici les caractères de ces météores : ils paraissent se mouvoir suivant des arcs de grands cercles ; ils ne viennent pas également de tous les points de l’horizon, mais ils affectent certaines directions principales ; il est impossible d’y reconnaître aucun mouvement de rotation. Leur disque apparent est inappréciable, bien que l’irradiation l’élargisse beaucoup ; leur forme est toujours circulaire, leur lumière éclaire plus ou moins l’horizon, et c’est là un des caractères qui les distinguent des étoiles filantes ; mais l’illumination qu’ils occasionnent est toujours bien inférieure à celle que donne la lune. On n’y peut voir aucune espèce de bouillonnement ni d’ouverture ; mais ils produisent assez souvent une traînée qui a été prise pour de la fumée, des étincelles et des flammes. Ils ne sont accompagnés d’aucun brouillard ni nuage ; leur élévation est très considérable. Jamais bolide n’a fait entendre le moindre bruit, le moindre sifflement. Très peu éclatent en fragmens, qui font encore quelques degrés de course pour s’éteindre ensuite. Les bolides apparaissent subitement et disparaissent de même sans changer sensiblement de diamètre apparent,