Page:Revue des Deux Mondes - 1852 - tome 14.djvu/297

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

notable d’un calorique qui fut à l’origine excessivement intense, et qui maintenant, concentré dans les profondeurs, va s’épuisant tous les jours, elle serait un désert froid et inanimé, aussi glacé que ses pôles, si le soleil n’était un foyer de rayons calorifiques. C’est lui encore qui, avec la chaleur, épanche la lumière, donnant non-seulement le jour à la terre, mais embellissant aussi ses nuits par la clarté qu’il prête à la lune. Bien plus, ces deux astres portent leur action sur les mers de notre globe : chaque fois qu’ils passent au méridien, ils en soulèvent les flots, et les longues côtes de l’océan, deux fois couvertes et découvertes en vingt-quatre heures, témoignent de la subordination générale de toutes les choses. Le milieu même que la terre parcourt avec une rapidité singulière n’est pas indifférent au maintien de notre température, et par là à l’existence des végétaux et des animaux ; on a trouvé que les espaces inter-planétaires avaient un froid de 50 à 60 degrés au-dessous de zéro, et, tout extrême qu’il puisse paraître, ce froid n’en est pas moins une des conditions qui entrent dans la permanence d’une certaine température à la superficie du globe.

Notre habitacle tient, par tous les côtés, au grand ensemble dont il fait partie. Il est subordonné aux lois générales qui régissent le monde, étant quelque chose de particulier au milieu d’un vaste système, et à son tour, comme il est, par rapport à nous, quelque chose de plus général, il nous subordonne à toutes les lois qui règlent son existence. La terre dépend du monde ; mais la végétalité et l’animalité dépendent de la terre. C’est ainsi que, pour connaître les êtres vivans, il faut connaître les conditions de leur vie, et qu’une juste hiérarchie des sciences place au premier degré ce qui est plus général et par conséquent plus simple, pour venir à ce qui est plus particulier et par conséquent plus compliqué, si bien que, quand on veut arriver à la connaissance des sociétés et de la loi naturelle qui les gouverne, on s’aperçoit qu’elles aussi sont sous la dépendance d’un ordre plus général qu’elles, ordre qui est celui de l’existence organique ou vivante. Quels que soient les préjugés actuels et les habitudes qui en découlent, rien ne peut plus faire que cette notion suprême, aujourd’hui mise dans la circulation, ne pénètre enfin les esprits, et qu’on ne comprenne la subordination réelle des sciences, qui s’enchaînent, se supposent, et, ainsi systématisées, forment la vraie philosophie.

Ce ne sont pas les seules relations que la terre ait avec le dehors. Il en est de plus immédiates et de plus directes qui, il est vrai, sont restées inconnues jusqu’à nos temps, bien que les unes aient singulièrement frappé l’imagination des hommes, et que les autres se produisent tous les jours à leurs yeux sans avoir eu le privilège d’éveiller leur attention. Je veux parler des météores ignés.