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La plus-value qui doit résulter du remaniement des droits sur les sels et les boissons est estimée par le ministre lui-même à 8 millions pour les huit derniers mois de l’exercice. Le bénéfice notable qui vient d’être constaté dans les produits de la douane paraît seul justifier l’espérance d’une amélioration considérable. Au surplus, de quelque part qu’ils viennent, les raisonnemens qu’on peut faire sur les produits futurs des contributions indirectes ne sont que des conjectures très fragiles. Le plus sage est d’attendre l’époque très prochaine où, suivant l’usage, les résultats- généraux du premier trimestre doivent être publiés.

À part les intéressés, tout le monde approuvera la mesure soumettant à l’impôt du sel les manufactures de produits chimiques qui opèrent spécialement sur cette matière. Dans l’origine, l’impôt étant trois fois plus lourd qu’aujourd’hui, on avait cru devoir en affranchir les fabriques de soude, qui fournissent un élément de travail à de nombreuses industries, telles que la verrerie, la porcelainerie, la savonnerie, la teinture, le blanchiment des toiles et des papiers. L’encouragement a porté de tels fruits, qu’aujourd’hui trente fabriques utilisent 50 millions de kilogrammes de sel. La taxe de 10 francs par quintal, qui procurera 5 millions au trésor, ne peut plus compromettre leur prospérité. Leur conserver indéfiniment l’exemption, ce serait perpétuer un privilège. Une pareille mesure atteint une autre industrie bien moins digne d’intérêt. Des sels en usage dans certaines manipulations d’atelier sont recueillis, épurés tant bien que mal, et livrés à la consommation alimentaire. Puisse la taxe de 10 francs par quintal supprimer cette malfaisante spéculation !

Nous arrivons, enfin, à la mesure la plus importante du nouveau décret.


BOISSONS ET OCTROIS

Tous les peuples européens ont établi un impôt sur les boissons pourquoi donc cet impôt est-il subi plus impatiemment en France que partout ailleurs ? C’est qu’on lui a conservé dans les autres pays son caractère d’impôt de consommation c’est-à-dire qu’il est supporté à peu près également par tous les individus qui consomment, de telle sorte que son produit s’y élève en même temps que la richesse générale, et que cet accroissement progressif y détermine une expansion naturelle du commerce. En France au contraire, par un ensemble de circonstances que nous allons tâcher de rendre palpables, l’impôt s’est trouvé rejeté en grande partie sur les classes les plus pauvres de la population, et celles-ci, ne pouvant étendre leurs achats en raison de l’insuffisance