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LE PAYSAGE


ET


LES PAYSAGISTES EN FRANCE DEPUIS LE XVIIIe SIECLE.




I.
JOSEPH VERNET.




S’il est un fait qui ressorte clairement de la situation actuelle de la peinture en France, c’est l’importance inaccoutumée de notre école de paysage et l’uniformité de ses tendances. Les peintres d’histoire marchent de plus en plus isolés les uns des autres : les paysagistes, au contraire, paraissent suivre la même voie et s’avancer de concert vers le même but. Quelques-uns, il est vrai, demeurent en dehors du mouvement ou n’y participent qu’avec réserve, il en est même qui s’attachent encore à la poursuite de l’idéal académique et retranchent obstinément de la nature tout ce qui n’est pas du domaine de la ligne et du style sévère ; mais le nombre de ces dissidens s’amoindrit chaque jour, et l’immense majorité des paysagistes contemporains n’a plus pour système que l’imitation absolue de la réalité. La reproduction textuelle des effets matériels, telle est l’unique fin qu’ils se proposent ; l’étude du littéral, le culte de la beauté positive, voilà leur poétique et leur foi. De pareilles doctrines sont nouvelles dans notre école. Comment en expliquer la subite influence ? Quelle en est au fond la valeur ? Sur