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LIMA


ET LA SOCIETE PERUVIENNE.




I.
LA VIE, LES MOEURS ET LES FEMMES DE LIMA.




Parmi les grandes villes de l’Amérique méridionale, il n’en est pas qui soit demeurée plus fidèle que Lima aux vieilles mœurs espagnoles d’avant l’indépendance. Il y a là tout un monde à part, toute une civilisation élégante et raffinée, dont rien ne rappelle dans le reste du Pérou les bizarreries ni les délicatesses. Lima, sans doute, a son importance comme centre de la république péruvienne, et son histoire politique a été ici même l’objet d’une attention légitime[1] ; mais ne voir de la ville des rois que cet aspect, c’est s’imposer la tâche pénible de juger la société liménienne par son côté peut-être le moins attrayant. Si l’on veut savoir ce qu’il y a encore dans cette société, en plein XIXe siècle, de grace inimitable et d’originalité pittoresque, c’est la vie journalière qu’il faut interroger ; c’est l’existence même du Liménien qu’il faut partager en quelque sorte, tantôt sous le toit de sa maison hospitalière, tantôt au milieu de ces fêtes de chaque jour qui donnent à la capitale du Pérou un caractère si charmant de splendeur et d’animation joyeuse. Les souvenirs que nous a laissés Lima, tel que nous l’avons vu dans ces dernières années, notamment sous la présidence

  1. Voyez les travaux de M. de Botmiliau, livraisons du 1er avril et du 1er juin 1850, et ceux de M. de Lavandais, livraisons du 15 janvier, 1er mars et 15 juin 1851.