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POUR LA MÊME

Beau teint de lys sur qui la rose esclate,
Attraits doux et perçans
Qui nous charment les sens,
Beaux cheveux blonds, belle bouche incarnate,
Rare beauté, peut-on n’admirer pas
Vos aimables appas ?

Sein, qui rendez tant de raisons malades,
Monts de neige et de feux,
Où volent tant de voeux,
Sur qui l’Amour dresse ses embuscades ;
Rare beauté, etc…

Grave douceur, taille riche et légère,
Ris qui nous fait mourir
De joie et de désir,
D’où nait l’espoir que ta vertu modère ;
Rare beauté, etc…

À quelques lieues de Chantilly était la belle terre de Liancourt, dont Jeanne de Schomberg, d’abord duchesse de Brissac, puis duchesse de Liancourt, avait fait un séjour magnifique. C’était une personne du plus grand mérite, qui même a laissé un écrit remarquable[1] destiné à l’éducation de sa petite-fille, Mlle de La Roche-Guyon, mariée en 1659 au fils de La Rochefoucauld. Elle se complaisait et s’entendait dans les arrangemens de maison et dans les bâtimens somptueux. Elle acheta, rue de Seine, l’ancien hôtel de Bouillon, et fit élever à sa place l’hôtel de Liancourt, depuis nommé l’hôtel de La Rochefoucauld, qui s’étendait de la rue de Seine à la rue des Augustins, dans l’emplacement aujourd’hui occupé par la rue des Beaux-Arts. « A Liancourt, dit Tallemant[2], la duchesse avait fait tout ce qu’on peut pour des allées et des prairies. Tous les ans, elle y ajoutait quelque nouvelle beauté. En 1656, Silvestre a dessiné et gravé les différentes vues du chasteau et des jardins, fontaines, cascades, canaux et parterres de Liancourt. Mme la Princesse allait souvent en visite dans ce beau voisinage. Une année que la petite vérole faisait de grands ravages tout autour de Chantilly et dans les différens domaines de la princesse, Marlou, La Versine, Méru, elle envoya ses enfans avec toute leur jeune société passer quelque temps à Liancourt. Il n’y manquait que Mlles du Vigean, que leur mère avait rappelées à Paris. Le fils unique de la maison, La Roche-Guyon, était un des amis du duc d’Enghien ; il fut tué en 1646,

  1. Règlement donné par une dame de haute qualité à madame sa petite-fille, publié d’abord en 1698, réimprimé en 1779.
  2. Tallemant, t. IV, p. 806.